À l'affiche, Critiques // Yes !, livret de Pierre Soulaine et René Pujol, musique de Maurice Yvain, lyrics d’Albert Willemetz, mise en scène de Vladislav Galard et Bogdan Hatisi

Yes !, livret de Pierre Soulaine et René Pujol, musique de Maurice Yvain, lyrics d’Albert Willemetz, mise en scène de Vladislav Galard et Bogdan Hatisi

Déc 23, 2019 | Commentaires fermés sur Yes !, livret de Pierre Soulaine et René Pujol, musique de Maurice Yvain, lyrics d’Albert Willemetz, mise en scène de Vladislav Galard et Bogdan Hatisi

 

 

© Michel Slomka

 

 

ƒƒ article de Denis Sanglard

L’héritier noceur d’un empire de pâtes se voit dans l’obligation paternelle d’épouser l’héritière chilienne d’un royaume de cure-dent. Pour refuser ce mariage et à l’instigation de sa maîtresse Lucette de Saint-Aiglefin, Maxime Gavard contracte un mariage blanc en Angleterre avec Totte, sa manucure. Ce « yes » de circonstance ne va pas être sans conséquence… Amour, cocufiage, exotisme et lutte des classes, voilà qui compose le livret de cette opérette des Années folles, jazzy en diable et remontée avec bonheur par les Brigands dans une mise en scène allègre de Vladislav Galard et Bogdan Hatisi. Musique de Maurice Yvain, sur un livret de Pierre Soulaine et lyrics d’Albert Willemetz, quarté gagnant pour un ouvrage qui swingue, fortement marqué par son époque et calibré pour elle. Avec cette particularité quand même d’avoir été composé pour deux pianos et rien de plus. Et ça n’a pas pris une ride, malgré son sujet quelque peu rebattu et désuet, par la grâce d’une musique qui vous embarque prestement et vous fait frétiller sur votre fauteuil. Et quant au sujet donc, dont on se fiche un peu tant les ressorts sont un peu usés, on s’y attache par sa fantaisie sans façon et ses personnages haut en couleur, excentriques brossés avec un pep débridé. Un valet communiste, César, en ballotage dans le 16ème, qui souhaite être élu député « pour qu’on s’aime dans le 16ème ». Une prolétaire qui « cherche un emploi », Clémentine, rôle immortalisé par sa créatrice, Arletty. Un barbier, Roger, devenu vedette de la chanson. Une héritière de Valparaiso chaude comme la braise, Marquita Negri, persuadée qu’« à Paris les femmes sont déshonorées quand elles ne trompent pas leurs maris.» Une poule de dancing, Loulou, devenue lady. Maxime, l’héritier noceur, lunaire et couard devant papa. Totte, fausse ingénue et vraie amoureuse. Et le couple de Saint-Eglefin aux arrangements matrimoniaux plus ou moins consentis. Plus caractères que personnages mais les comédiens-chanteurs s’en tirent à merveille, rien ne sonne creux dans leur composition, excellents chanteurs de surcroît, sous la houlette des deux metteurs en scènes qui vont droit au but, ne s’embarrassent guère de second degré pour un premier jubilatoire et explosif. Gags à tous les étages, toujours dans la situation, jamais gratuits vraiment. Et place surtout à la musique, à la chanson. Fort bien troussés, ce fut un grand succès de Maurice Yvain, on comprend pourquoi. Ça vous rentre dans la tête comme une rengaine et ça vous toupille le cerveau. Et nous serions désobligeant si nous oublions les trois musiciens qui président aussi à a réussite de cet opus tant par leur présence – eux aussi sont de la partie dans cette mise en scène qui ne les oublie pas – et leurs talent indéniable. Ils font gambiller tout ce beau monde des Années folles, entiché de jazz, assis sur un volcan, menacé de ruine par le krach de 1929. « Yes » avec beaucoup, beaucoup de légèreté pointe déjà un monde qui vacille où la lutte des classes commence à secouer une société sur le déclin. Vladislav Galard et Bogdan Hatisi s’en amusent, le soulignent mais comme les auteurs qu’ils servent si bien ne s’appesantissent pas. Non, tout cela est d’une grande légèreté, un peu salace, un peu féroce, férocement drôle, et c’est à la musique, à la chanson, à l’opérette qu’ils rendent un bel hommage, en toute simplicité, sans chichis ni tralala, mais avec un vrai talent. Oh yes !

©  Michel Slomka

Yes ! opérette en trois actes sur un livret de Pierre Soulaine et René Pujol, musiquede Maurice Yvain, lyrics d’Albert Willemetz

Compagnie Les Brigands

Mise en scène Vladislav Galard et Bogdan Hatisi

Scénographie François Gauthier-Lafaye

Costumes Benjamin Moreau

Lumières Yvon Julou

Régie plateau et générale Julie Le Prou

Direction musicale, piano et vibraphone Paul-Marie Barbier

Contrebasse Mathieu Bloch

Percussions et pianos Thibault Perriard

Chorégraphie Alma de Villalobos

Chef de chant Emmanuel Olivier

Maquillages et coiffures Maurine Baldassari

Avec Clarisse Dalles, Caroline Binder, Emmanuelle Goizé, Anne-Emmanuelle Davy, Gilles Bugeaud, Éric Boucher, Célian d’Auvigny, Mathieu Dubroca, Flannan Obé

Du 19 décembre 2019 au 16 janvier 2020

À 20h, le dimanche à 15h

Athénée-Théâtre Louis Jouvet

Square de l’opéra Louis Jouvet

7 rue Boudreau

75009 Paris

Réservations 01 53 05 19 19

www.athenee-theatre.com

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