À l'affiche, Critiques // XYZ ou comment parvenir à ses fins, conception, texte, mise en scène et chorégraphie de Georges Appaix — Cie La Liseuse, à la Maison des Arts de Créteil, dans le cadre de la programmation Théâtre de la Ville hors les murs et du Festival Faits d’hiver — Micadanses

XYZ ou comment parvenir à ses fins, conception, texte, mise en scène et chorégraphie de Georges Appaix — Cie La Liseuse, à la Maison des Arts de Créteil, dans le cadre de la programmation Théâtre de la Ville hors les murs et du Festival Faits d’hiver — Micadanses

Fév 12, 2020 | Commentaires fermés sur XYZ ou comment parvenir à ses fins, conception, texte, mise en scène et chorégraphie de Georges Appaix — Cie La Liseuse, à la Maison des Arts de Créteil, dans le cadre de la programmation Théâtre de la Ville hors les murs et du Festival Faits d’hiver — Micadanses

 

© Agnès Mellon

 

ƒƒ article de Marguerite Papazoglou

XYZ ou comment parvenir à ses fins, trois lettres en bâtons et l’annonce d’une fin — « j’arrête » écrit Georges Appaix dans le folio publié qui accompagne cette création. ça commence par une entrée en matière sublime de compacité de ce qui s’ensuivra : un A qui tombe — A la lettre, dans une police classique, imposante et lourde — un A concomitant d’un « Ah ! » comme pour dire « quoi ! ça s’arrête ? » ou « au secours ! »,  Ah ! le son de la voix bouche ouverte, A c’est-à-dire l’alpha de ce qui est annoncé comme l’oméga de l’œuvre chorégraphique de La Liseuse (pas pour rien ce nom !). En un instant s’ouvre le champ de son univers labyrinthique, tout en échos, miroirs, feuilletages, jeux de mots, trappes et trouvailles, où bien malin celui qui n’en sortirait pas étourdi. Oyez la suite : « A c’est l’alphabet, c’est le début de l’alphabet et Antiquité était presque au début de cette histoire entre Agathe et l’Arrière-salle et Affabulations, une certaine obstination pour le A ! Début c’est D et D c’est, entre autre, le dialogue mais aussi Denis et Diderot, et Diderot a écrit la leçon d’harmonie de Basta ! et Basta ! c’est la lettre B, comme Bach. C’est tout bête ! Ce qui conduit à la lettre M de musique mais aussi de mouvement, et la lettre M sonne comme le mot aime qui commence lui par la lettre A ». Tout y est ! les relais de voix et de mouvements, la folie, l’humour, la virtuosité rythmique, la légèreté — comme celle de la laitière de La Fontaine, qui s’invite un peu plus tard, sortie d’Affabulations — la répétition, renvoi d’une pièce à l’autre ou réminiscence, avec la leçon d’harmonie qui se finit sur la répétition de « arrête ! », comme Basta ! et comme « parvenir à ses fins. » Car bien que se réclamant de la légèreté, Georges Appaix est un obstiné, alias un dévoué et un amoureux, jamais il n’abandonne. D’ailleurs, le O c’est l’obstination ! Celle de mettre en scène des corps qui dansent et qui parlent, alternativement, en même temps, naturellement, artificiellement, dans une musicalité tonale ou rythmique, des voix uniques ou brouillées dans le collectif, des mots signifiants ou/et perdus dans la matière, des corps avec des sons, une démarche artistique en compagnonnage avec la littérature et les expériences de la musique contemporaine — où l’on pense inexorablement aux partitions de Georges Aperghis, avec un A, comme « Ah ! Misère ! », passage de l’Odyssée que les danseurs en ligne déclament, mettant en danse les variations de phonèmes explorées par le compositeur, dans Antiquité et jusque dans XYZ.

« Mélanie » danse, son prénom apparaît dans une écriture manuscrite lumineuse, puis la chorégraphie s’enrichie d’un second danseur et nous lisons par dessus « Romain » dans une autre police, puis un troisième, c’est « Georges », et au-delà du trio, on ne peut plus lire ; les éléments s’enchevêtrent dans une pluralité, à lire autrement. Arrive E comme Écrire, qu’est-ce qu’écrire justement sinon accumuler les signes tout en inventant du lisible ?

La bande son, les scènes, les gestes sont une merveille kaléidoscopique, imbrications d’improbables cohérences. Appaix joue des interférences et sans cesse la musique questionne la danse. Il cherche les larsens se produisant lorsqu’on rapproche suffisamment les sons et les mouvements sur une même partition rythmique. Relais syncopés et simultanéités virtuoses, la précision incisive du découpage du temps célèbre l’instant. Fragments apparaît avec les lettres de la scénographie comme le maître mot de cette esthétique du montage. Les ruptures ont des bords acérés où la trame est à nu. Autorisation infinie ; il n’y a pas de limite bienséante à l’accueil des matériaux utilisés. C’est le jeu qui l’emporte sur l’importance que se donnent « [l]es grands faiseurs de protestations » et c’est la générosité qui guide la liberté — Alceste en sous-texte avec Bach, c’est bien trouvé !

La fin précipitée de l’abécédaire n’est ni achèvement, ni point d’orgue mais une certaine circulation dans le temps et dans un champ qui reste ouvert à l’exploration : celui d’une recherche inlassable Vers le protocole de la conversation ; une œuvre multiforme ; une belle façon de (ni) marquer la fin (ni) parvenir à ses fins, points de suspension. Une pièce qu’il faut absolument aller voir quand bien même ce serait la première ! Jouissive, chaleureuse et humaine.

 

 © Agnès Mellon

 

XYZ ou comment parvenir à ses fins de Georges Appaix – La Liseuse

Conception, mise en scène & textes Georges Appaix

Chorégraphie Georges Appaix avec la participation des interprètes

Création environnement sonore Olivier Renouf, Éric Petit, Georges Appaix

Création lumières Pierre Jacot-Descombes

Scénographie Madeleine Chiche et Bernard Misrachi – Groupe Dune(S) et Georges Appaix

Costumes Michèle Paldacci et Georges Appaix

Conception vidéo et site web Renaud Vercey

Graphisme Francine Zubeil

Conception et textes publication Christine Rodes et Georges Appaix

 

Avec Georges Appaix, Romain Bertet, Liliana Ferri, Maxime Gomard, Maria Eugenia Lopez Valenzuela, Carlotta Sagna, Melanie Venino

 

 

 

Du 4 au 17 février 2020 à 20 h

Durée 1 h

 

 

Maison des Arts de Créteil
1 Place Salvador Allende

94000 Créteil

 

Réservation au 01 42 74 22 77 et 01 45 13 19 19

www.theatredelaville-paris.com

www.maccreteil.com

 

 

Tournée

Le jeudi 9 avril à 20 h 30 à Tours
Centre Chorégraphique National – Tours

Salle Thélème, Université de Tours

Réservation au 02 18 75 12 12 et 02 47 36 64 15

www.ccntours.com/saison/georges-appaix-la-liseuse-marseille

 

Le mardi 19 mai à 20 h 30 à Aix-en-Provence
Théâtre Le Bois de l’Aune

1bis, place Victor Schœlcher

13090 Aix-en-Provence

Réservation au 04 88 71 74 80

www.boisdelaune.fr

 

Du 26 au 28 mai à 20 h, La Place de la Danse – Toulouse
Théâtre Garonne

1 Avenue du Château d’Eau

31300 Toulouse

Réservation au 05 62 48 54 77

www.theatregaronne.com

 

Le 1er décembre à 20 h 30 à La Roche-sur-Yon
Grand R – scène nationale, La-Roche-sur-Yon

Esplanade Jannie Mazurelle, Rue Pierre Bérégovoy

85000 La Roche-sur-Yon

www.legrandr.com

 

 

 

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