ƒƒƒ article de Victoria Fourel

De l’inspiration, de la difficulté d’être un artiste, de la difficulté d’être un artiste productif, de la difficulté d’être un artiste productif et présent au monde. Ce pourrait être le titre, un poil long peut-être, de Werther et Werther, spectacle que nous propose Clara Schwartzenberg. Figure romantique culte, ce Werther là est un auteur célèbre du XXIème siècle, capable d’écrire un mot par seconde, mais incapable de trouver sa place dans le travail, dans l’argent, dans l’amour, dans l’illusion.

Ce qui frappe, d’abord, ce sont les thèmes. Les grandes souffrances du romantique sont tombées en désuétude, se tordre de douleur à cause de ses idéaux ne se fait plus trop. Et soudain, on nous donne tout ça à entendre et à voir. Cette difficulté de faire de son art une marchandise, de supporter l’illusion qu’est la vie, de vivre malgré les amours contraintes, l’absence de liberté dans la vie de l’artiste (il n’est au fond que le pantin du public et de l’argent). Ces thèmes sont tout à fait actuels, dans un monde oscillant entre liberté totale d’une génération d’artistes, et contraintes des réseaux, des médias et du marché. Malgré quelques moments de folie pure, les comédiens n’en font pas trop, ne tombent pas dans la caricature, et portent tout ça avec une poésie folle, du quai de métro à l’appartement.

© DR

Et ces lieux du réel sont sans cesse réinventés par de merveilleuses idées de mise en scène et de très belles lumières. On est toujours surpris, on ne s’ennuie pas, et mieux encore, on contemple. Si la poésie manque à la vie d’artiste d’aujourd’hui, alors elle est retrouvée dans ce spectacle. Il y a un vrai propos sur la relation de l’écrivain au monde, celle des jeunes au monde, et sur les valeurs contradictoires et complémentaires qui habitent l’homme, qui habitent l’artiste. Même si la force du spectacle ne se dévoile qu’au bout de quelques minutes, notamment dans ce que portent les comédiens, c’est un grand spectacle romantique, une ode moderne à ce que « passion » veut dire.

Werther et Werther
Texte Zanina Mircevska
Mise en scène Clara Schwartzenberg
Avec Chloé de Broca, Géry Clappier, David Fischer, Tristan le Doze
Scénographie et Costumes Anaïs Heureaux
Création lumières Jérémie Gaston-Raoul

Du 19 au 24 mai, du mardi au samedi à 21h15, le dimanche à 17h.

Théâtre de Belleville
94 rue du Faubourg du Temple 75010 Paris
Métro Belleville (lignes 2 et 11) et Goncourt (ligne 11)
01 48 06 72 34
www.theatredebelleville.com

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