© Jean Couturier
fff article de Jean Couturier
C’est un des événements artistiques de cette automne, le collectif (LA)HORDE à la tête du CCN Ballet national de Marseille depuis 2019 investit tous les espaces de ce lieu monumental, sous la forme d’une exposition dansée. Dans le livre Chaillot Palais de la Danse paru en 2018, Marie-Christine Vernay écrit de façon prémonitoire, « Surdimensionné pour la taille des humains, le Théâtre National de Chaillot, aujourd’hui Chaillot – Théâtre National de la Danse, se protégeant de la luminosité de la tour Eiffel qui lui fait effrontément des clins d’œil, a toujours été un défi pour les danseurs. Allez savoir pourquoi ils l’ont relevé à plusieurs reprises, et le monde du théâtre s’est obstiné à la conserver. Peut-être parce qu’un petit pas de côté suffisait à faire vaciller l’édifice souvent qualifié de mussolinien. Peut-être parce que la danse a le besoin fou de changer les lois de la gravité. Peut-être parce que les chorégraphes y voient une possible maison où habiter tous les espaces, de la grande salle Jean Vilar à la salle Firmin Gémier, du bar à l’escalier monumental ». Les 26 interprètes du Ballet national de Marseille, auquel s’ajoute 8 jumpers, 4 cascadeurs, 14 performeurs amateurs et le DJ Boe Strummer réussissent ici ce pari fou dans une liberté créatrice débridée. Cette liberté atteint aussi le spectateur qui doit composer son propre spectacle en déambulant entre les différentes propositions artistiques. Chaque performance a une temporalité différente, brève, éphémère, où répétitive, entre 18 h 30 et 22 h, il faut se laisser aller à cette découverte aléatoire. Nous retiendrons quelques tableaux marquants. Des purs moments de danse, Concerto de Lucinda Childs (salle Firmin Gémier), Grime Ballet de Cecilia Bengolea et Francois Chaignaud (salle Maurice Béjart) où Soulèvement, un extrait de Room with a view de (LA) HORDE dans le grand escalier. « The beast », une performance esthétique de 8 danseurs du Ballet National de Marseille et 10 performeurs autour d’une limousine installée dans l’axe visuel de la Tour Eiffel, dans le foyer de la danse, stimule notre voyeurisme. Cette circulation hasardeuse permet de vivre parfois un moment unique, assister seul assis sur le plateau de la salle Jean Vilar à la diffusion sur grand écran dans la salle du film Cultes de (LA) HORDE animé par des jeux de lumières, devant un rideau de pluie qui descend des cintres. Un regret peut être, les créateurs de ces performance ont omis de jouer et d’interagir avec les peintures murales et les sculptures qui donnent cette identité si particulière à ce palais. WE SHOULD HAVE NEVER WALKED ON THE MOON, « Nous n’aurions jamais dû marcher sur la lune » est une phrase prononcée par Gene Kelly devant l’inélégance et la lourdeur du premier pas de l’homme sur la lune. Le collectif (LA)HORDE, lui, au contraire réussit ici à apprivoiser les grands espaces de ce vaisseau plein de fantômes, avec ces performances qui vont marquer définitivement nos mémoires sensorielles.
WE SHOULD HAVE NEVER WALKED ON THE MOON,
Chorégraphies Cecilia Bengolea et François Chaignaud, Lucinda Childs, Oona Doherty, (LA)HORDE
Lumières : Éric Wurtz
Costumes : Salomé Poloudenny
DJ : Boe Strummer
Du 27 octobre au 28 octobre à 19 h ou 20 h, du 1er novembre au 4 novembre à 19 h ou 20 h, le samedi 29 octobre à 17 h.
Chaillot – Théâtre national de la Danse
1 place du Trocadéro
75116 Paris
Réservation 01 53 65 30 00
theatre-chaillot.fr
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