© Benoît Schupp
ƒƒƒ article de Marguerite Papazoglou
De la cire donc et rien que de la cire ! Comme scénographie, comme prétexte et comme partenaire de jeu ! Rien d’autre que la fébrilité de la découverte et l’interaction imprévisible avec cette matière, changeante s’il en est ! Changeante, sur le qui-vive de la plante des pieds au chignon du sommet de sa tête, prête à la surprise, Justine Macadoux (qui était ce jour-là sur scène) n’est pas en reste. En robe-tablier et lunettes de protection, elle nous fait verser dès l’entrée dans un atelier et dans l’état d’enfant. Sa posture, ses gestes et son mouvement effervescent et transparent aux émotions incarnent, de façon si réaliste que cela en est troublant, un personnage qui semble n’avoir pas même 2 ans, puis peut-être 5 ou 6. Et c’est troublant justement parce que ce n’est pas de l’illustration ou de l’imitation mais une transformation, « à la manière de ». C’est parce qu’elle se laisse prendre par l’état d’esprit de l’enfant que son jeu est si juste. Le personnage de Justine/Stéphanie est une bénédiction. Exempt de tout stéréotype, notamment genré ou moral, il échappe aussi à la cartographie usuelle des contes pour enfants, et c’est vivifiant !
Wax est loin de toute simplicité extrême ou autre complaisance facile, c’est un spectacle jeune public qui prend les enfants au sérieux. Fruit d’une recherche très fine et de beaucoup de sensibilité, c’est un spectacle pour les enfants et incidemment pour les parents (et non l’inverse). Il y a en premier lieu ce caractère du tout-petit, émerveillé par la matière elle-même, sa texture, sa couleur, son odeur, ses « réactions » : les jeunes enfants sont d’office à l’aise, en empathie directe avec cet état préverbal qui leur est encore si proche. Dans le public, quels magnifiques regards béats d’étonnement et de joie de trouver en cette femme adulte un alter ego ! N’empêche que Justine/Stéphanie touche tous les âges, elle donne à voir, interroge, décale les actions et ouvre la porte à l’inconnu, les images de l’inconscient et les émotions enfouies. Alors enfants et adultes sont enchantés des expérimentations de ce bébé qu’on aime déjà mais auquel on s’identifie aussi volontiers. Un des enjeux de l’innocence est son potentiel subversif. Et Wax nous le livre tout de suite : c’est le point de départ, le deuxième début du spectacle, le moment où les lumières enfin s’éteignent : Justine/Stéphanie renverse consciencieusement par terre le grand bocal de cire fondue, pour le plaisir de tous… Cette tache informe solidifiée sera la matrice de toutes les créations. Le langage émergeant, tout emprunt d’un corps 100% engagé pour réussir la prouesse de dire, est le deuxième matériau support de jeu, traité avec la même immédiateté que le premier. C’est jubilatoire. Tout est sujet à excitation, étonnement, impatience, joie, fureur et invention.
Ce regard frais est aussi l’occasion de rire sur la moralisation et le formatage, tel celui des figurines de cire, compagnons de jeu dont pas une tête ne doit dépasser, mais également de déjouer la preste machine des interprétations. Car c’est aussi bien sûr vers l’état du rêve que la présence — je dirais la danse ! — de Justine Macadoux nous entraîne tous : les morceaux de cire se font masque, seconde peau, prolongements du corps pour des métamorphoses vacillantes et des images aléatoires, sculptées par les belles lumières de Fanny Brushi qui rappellent beaucoup l’éclat des bougies et habillées tout en discrétion par les paysages sonores de Morgan Daguenet.
C’est un spectacle à la fois drôle et poétique qui nous apprend ou réapprend à jouer et rêver avec rien, rester en équilibre dans l’instabilité et plonger dans la surprise de chaque instant, sur un rythme sans faute… autre que de nous laisser petits et grands un peu sur notre fin.
Wax (comment sortir du moule), conception de Renaud Herbin, au Théâtre Paris-Villette
Conception Renaud Herbin
Avec la complicité d’Anne Ayçoberry
Espace et matière Mathias Baudry
Son Morgan Daguenet
Lumière Fanny Brushi
Technique Thomas Fehr et Christian Rachner
Jeu Justine Macadoux, Stéphanie Félix (en alternance)
Du 16 au 30 décembre 2018 à 10h30 ou 11h00
Durée 40 minutes
Spectacle tout public à partir de 3 ans
Théâtre Paris-Villette
211 Avenue Jean Jaurès
75019 Paris
Métro ligne 5 et Tramway 3B : arrêt Porte de Pantin
Réservation au 01 40 03 72 23
et par mail : resa@theatre-paris-villette.fr
www.theatre-paris-villette.fr
TOURNEE
Le 9 janvier 2019 à 15h et 18h
Théâtre La Passerelle – Gap
137 boulevard Georges Pompidou
05000 Gap
Réservation au 04 92 52 52 52
www.theatre-la-passerelle.eu
Le 13 janvier 2019 à 16h
L’Imagiscène – Terrasson
5 rue Marcel Michel
24122 Terrasson Lavilledieu
Réservation au 05 53 50 13 80
www.centre-culturel-terrasson.fr
Le 6 février 2019 à 15h30 et 18h30
Théâtre du Vellein / Villefontaine
Avenue du Drieve
38090 Villefontaine
Réservation au 04 74 80 71 85
capi-agglo.fr/lieu/theatre-du-vellein
Les 18 février à 16h et 19 février 2019 à 11h et 16h
La Cure / Chouet’ Festival (agglomération de Roanne)
799 rue de l’Union
42155 St Jean St Maurice sur Loire
Réservation au 04 77 62 96 84 ou 04 26 24 92 61
www.lacure.fr/saison-culturelle/chouet-festival-885.html
Les 9 mars à 15h et 10 mars à 11h
Fabrikpalast / Aarau (Suisse)
Tellistr. 118
5000 Aarau – Suisse
www.fabrikpalast.ch
Du 18 au 22 mars 2019 10h et 15h sauf mercredi (séances scolaires)
Théâtre Molière / Sète
Mèze, Foyer municipal
25 Rue Sadi Carnot
34140 Mèze
Réservation au 04 67 74 02 02
www.theatredesete.com
Le 26 mars 2019 à 18h
L’Excelsior / Allonnes
Salle Jean Carmet
5 boulevard d’Anjou
72700 Allonnes
Réservation au 02.43.83.45.15
www.lexcelsior.fr
Le 15 mai 2019 à 14h30
Le Grand R / La Roche-sur-Yon
Studio de danse du Manège
Esplanade Jeannie-Mazurelle
Rue Pierre-Bérégovoy
85000 La Roche-sur-Yon
Réservation au 02 51 47 83 83
www.legrandr.com
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