Critique de Camille Hazard –
Il n’était pas évident de comprendre ni de profiter de ce spectacle en italien non surtitré, tiré d’extraits du roman de Céline Voyage au bout de la nuit. Et pourtant, pourvu que l’on connaisse l’œuvre, les atmosphères, les situations, la guerre, tout nous parvient.
Le comédien Elio Germano qui lit le texte et les deux musiciens, Martina Bertoni au violoncelle et Teho Teardo à la basse, arrivent à nous transporter dans l’univers infernal du bruit, de la peur, de la détresse liée à la guerre. Le comédien interprétant le héros de ce roman tient une partition à trois voix : il oscille, toujours au micro, entre des moments narratifs, des moments chuchotés, intimistes, de confidences, et de moments hurlés où les images évidentes d’un dictateur parlant à une foule conquise, ( nous spectateurs !) nous mettent mal à l’aise car au cœur de l’action.
L’univers sonore et musical qui accompagne le texte permet tantôt de prendre de la distance avec les situations étouffantes que vit le comédien, sur une musique légère, en totale rupture avec l’écriture, et tantôt de recevoir de violentes images, de ressentir les bruits assourdissants, des sensations désagréables, avec des sons saccadés, morcelés, étirés…
Les fantômes de la guerre renaissent devant nous, les claquements de dents des soldats effrayés et affamés se font entendre, des obus s’abattent, des bombardiers par centaines survolent les troupes loqueteuses. Puis plus rien, le silence, le vide, juste l’écho du bruit qui se propage autour de nous, en nous tenant éveillés et reliés aux atrocités de la dernière guerre.
Viaggio al Termine della Notte
(Voyage au Bout de la Nuit)
De : Louis-Ferdinand Céline
Avec : Elio Germano
Musique basse et arrangements : Teho Terado
Violoncelle : Martina Bertoni
Régie : Elio GermanoLe 24 juillet 2010
Dans le cadre du festival Teatro a CorteCortile dell’Agenzia – Pollenzo
www.teatroacorte.it