© Christophe Raynaud de Lage
ƒ article de Nicolas Brizault
V.I.T.R.I.O.L. Visita Interiorem Terrae Rectificando Invenies Operae Lapidem (Explore tes entrailles et découvre le noyau sur lequel bâtir une nouvelle personnalité). Dans un sens ou dans l’autre. Du moins il faudra que l’on secoue fort et longtemps. Un sujet passionnant lié à la psychiatrie, met en écho ceux qui souffrent et ceux qui voient souffrir, veulent comprendre.
Un homme hurle, secoue, invente, remue, approuve et rebondit. Son ex-amie, le nouveau conjoint de celle-ci. Des musiciens, qui jouent et papotent. Un homme est en pleine crise maniaque et tente de remettre en place, ou de mettre en place tout simplement, son monde actuel là où il « était » avant. L’homme qui souffre manie ceux qui l’entourent, magie étrange et douloureuse, empoisonnante. Bref, le malade et les autres. Et du jeu, très bon, excellent même, et des mots, des mots, des phrases, longues et en pleines montagnes russes, reprenant à propos Pierre-Félix Guattari et de Gilles Deleuze, ou les tenants de l’antipsychiatrie tels que Ronald Laing ou Franco Basaglia. Encore, encore, encore…
Sujet intéressant comme nous le disions, mais qui donne l’impression de montrer à quel point il sait tout sur tout. Nous n’en doutons pas un seul instant, on se perd simplement dans cette forêt surboisée, qui en fait trop, explique, montre, sur-montre pour que l’on comprenne bien et très vite nous lasse, nous noie. La divergence entre cet homme et ceux qu’il tente de rejoindre est merveilleusement touffue, bien entendu, et cette pièce le rend de façon superbe. Oui. La maison prend feu à un moment et cela nous remet sur pied. Les musiciens nous distraient sympathiquement. Tant mieux. Mais ces personnages, qui nous offrent d’une si bonne façon le choc et les écarts, les essais de sauvegarde ou de fuite, la douleur, la peur, l’incapacité d’avancer… perturbent également notre attention, à force de tambouriner un peu partout.
Tout à fait dommage ce poids, cet acharnement, ces hurlements. Le sujet réclame sans doute tout ça, mais tout ce poids n’aurait-il justement pas gagné avec une méthode plus légère, nous permettant de nous y attacher, de l’agripper, de la voir se construire et s’effondrer sans cesse devant nous ? Allez savoir ? En tout cas on sent une formidable envie de nous faire réfléchir. V.I.T.R.I.O.L., que sa forme, sa silhouette convienne ou non, donne envie de se pencher plus avant. Donne envie de tenter de regarder d’un peu plus près tous les méandres psychiatriques qui… hurlent autour de nous ?
© Christophe Raynaud de Lage
V.I.T.R.I.O.L., de Roxane Kasperski et Elsa Granat
Mise en scène d’Elsa Granat
Avec Fanny Balestro, Quentin Coppalle, Pierre Giafferi, Roxane Kasperski, François Vallet, Olivier Werner
Scénographie Suzanne Barbaud
Lumières Lila Meynard
Assistante à la mise en scène Hélène Rencurel
Construction décor Yohan Chemmoul Barthelemy
Du 28 février au 29 mars 2020
Du mardi au samedi à 20 h 30, le dimanche à 16 h 30
Salle Copi
Durée estimée 1 h 30
Théâtre de la Tempête
Cartoucherie
Route du Champ-de-Manœuvre
75012 Paris
Réservations : 01 43 28 36 36
www.la-tempete.fr
Accès :
métro ligne 1 jusqu’au terminus
Château de Vincennes (sortie 6) puis bus 112 ou navette Cartoucherie
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