© Plexus Polaire
ƒƒ article de Hoël Le Corre
Pour adapter le texte de son compatriote – Une maison de poupée, d’après Henrik Ibsen – qui sonne comme un retour aux sources pour Yngvild Aspeli, la metteuse en scène norvégienne convoque un univers aux confins du cauchemar, de la paranoïa, dans une esthétique épurée et délicate. Comme dans la plupart de ses spectacles, les arts se répondent, s’entremêlent. Ici, l’ambiance sonore, le chant et la danse viennent soutenir le propos de ce huis-clos habité par des comédiens et des marionnettes.
Tout commence par un oiseau qui se cogne à une vitre : transparente, elle n’existe pas forcément pour le regard, mais elle est bien là – dangereuse quand elle est un obstacle qui sépare du monde extérieur. On est ensuite invité à entrer au sein du foyer de Nora, apparemment équilibré, tissé d’amour. Si ce n’est que le couple que forme Nora et Throvald repose en réalité sur un non-dit : quelques années auparavant, Nora a contracté un emprunt illégal, et même si celui-ci a permis, à l’époque, de sauver son mari, il n’en reste pas moins source de chantage pour le créancier… Le mensonge découvert, que va-t-il advenir ? L’amour suffira-t-il à maintenir les liens ?
Si les costumes et le décor de cette maison bourgeoise restent dans l’esthétique de l’époque à laquelle a été écrite la pièce, la compagnie Plexus Polaire a souhaité adapter le propos pour en extraire la modernité et la portée universelle. Il y est toujours question de trahison, de manipulation, mais la fable repose ici surtout sur la mise en lumière des jeux de faux-semblants entre les protagonistes : qui est la marionnette de qui, qui tire les fils, qui tisse les fils ?
Visuellement impressionnante, la pièce pâtie toutefois d’une véritable plongée dans l’intime. Le propos est clair, la fable est respectée, mais pour la faire résonner de façon contemporaine, on aurait aimé qu’elle explore plus profondément l’état psychologique et émotionnel de ces personnages, assez monolithique pour certains et bien plus complexes pour d’autres. L’esthétique, même si elle ne se contente pas d’être formelle, a tendance à rester simplement symbolique, à l’instar de ces araignées grossissant au fil de la pièce, qui déploient leurs toiles inexorablement autour de ces êtres, sans pour autant leur étreindre complètement le cœur, ce qui rend le désir de vérité et l’émancipation finale peut-être moins poignante qu’elle aurait pu l’être. Même si on doit reconnaître que la salle semble avoir été majoritairement conquise.
© Plexus Polaire
Une maison de poupée, adapté et mis en scène par Yngvild Aspeli et Paola Rizza
Actrice-marionnettiste : Yngvild Aspeli
Acteur-marionnettiste : Viktor Lukawski
Composition musicale : Guro Skumsnes Moe
Chorale : Oslo 14 Ensemble
Fabrication marionnettes : Yngvild Aspeli, Sébastien Puech, Carole Allemand, Pascale Blaison, Delphine Cerf, Romain Duverne
Scénographie : François Gauthier-Lafaye
Fabrication décor : Eclektik Sceno
Lumière : Vincent Loubière
Costumes : Benjamin Moreau
Son : Simon Masson
Plateau et manipulation : Alix Weugue
Dramaturgie : Pauline Thimonnier
Chorégraphie : Cécile Laloy
Directrice de Production et diffusion : Claire Costa
Administration : Anne-Laure Doucet
Administration de tournée : Gaedig Bonabesse
Chargée de Production et Diffusion : Noémie Jorez
Du 11 au 16 octobre 2024
Lundi, mercredi et vendredi à 20 h
Samedi à 18 h et dimanche à 15 h 30
Durée : 1 h 20
Théâtre Gérard Philippe
59, boulevard Jules-Guesde
93 200 Saint-Denis
Réservations : 01 48 13 70 00
www.tgp.theatregerardphilipe.com
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