À l'affiche, Critiques // Un métier idéal, de Nicolas Bouchaud, d’après le livre de John Berger et Jean Mohr, mise en scène d’Eric Didry, au Théâtre du Rond-Point, Paris

Un métier idéal, de Nicolas Bouchaud, d’après le livre de John Berger et Jean Mohr, mise en scène d’Eric Didry, au Théâtre du Rond-Point, Paris

Mar 23, 2018 | Commentaires fermés sur Un métier idéal, de Nicolas Bouchaud, d’après le livre de John Berger et Jean Mohr, mise en scène d’Eric Didry, au Théâtre du Rond-Point, Paris

© Jean-Louis Fernandez

 

ƒƒ texte de Nicolas Brizault

 

John Sassal, un médecin, est né dans les années 1920 et a travaillé dans une campagne retirée. John Berger et le photographe Jean Mohr l’on suivit en 1967 pour sortir de son expérience « Un métier idéal », reprit par Nicolas Bouchaud et présenté une seconde fois ici. Berger, auteur, et Mohr, photographe, ont ainsi cherché à découvrir, à extraire de son expérience leurs réalités, ainsi que celles de ces patients et patientes, les surprises ou les terreurs, la vie, la mort, les courses absolues, l’ennui. C’est tout ce que retourne, manipule, dans ce spectacle déjà présenté en 2009, Nicolas Bouchaud. Il bouge et vit devant nous, cherche à manipuler l’âme de Sassal.

Le médecin raconte bouge, regarde, se tait et nous fait parler, il est là, avec et sans nous. Rythme et coopération, les mots pleuvent, savent tourner et mordre, nous rendent malades ou pas. Un jeu positif/négatif. On aimerait entrer plus avant, pour de vrai dans ce jeu, dans ce remue-ménage lent ou lourd, peu importe. La noyade est là de temps en temps, pour nous, rien que pour nous, spectateurs, et là, sans doute pas fait exprès, pas voulu. Du trop, on se perd, on ne suit plus et du coup, on y laisse notre peau. Puis ici ou là tout revient. Ce métier idéal connaît des haut et des bas, c’est bien ordinaire. Ces métiers devrions-nous dire, toubib et comédien.

Puissance du décor, photo molle d’un paysage anglais inconnu (de nous) et qui fait parti du jeu, le cache, simplicité pleine qui nous expliquerait presque une part du travail de John Sassal. Oui, le goût à la philosophie de campagne reprend, seringues et compresses font à nouveau leurs effets magiques. Le jeu de Nicolas Bouchaud est lui aussi fin et complexe. Sympathique, tordu, dans un sens positif, il nous fait sentir tout ce que ce médecin a perçu. La force est là. Nous ressentons, ici ou là, les surprises qu’ont pu avoir John Berger et Jean Mohr en 1967. Ce spectacle est donc terriblement complexe. Il force ici ou là au(x) soupir(s), ailleurs nous sommes en bottes, souriant ou philosophiques sur un chemin boueux. Donc l’ennui sait montrer le bout de son nez, puis il est mis à la porte : du oui, du non. En fait un spectacle fort et puissant. Intelligent et profond, qui ne donne pas forcément ses clés là, maintenant, même sous la pluie. Un humaniste est là, grâce à John Berger et à Jean Mohr. Grâce à Nicolas Bouchaud oui, mais grâce à lui surtout, de son approche de la vie, de cette campagne si forte, sa façon de « servir » l’autre, d’apprendre et d’y trouver une joie de vivre, sereine et linéaire, chargée d’une appétence certaine, dont on peut parler, là, maintenant, sans regret ni ennui, pendant des heures en pleine campagne, en plein Paris.

 

 

Un métier idéal, de et avec Nicolas Bouchaud
D’après « Un métier idéal » de John Berger et Jean Mohr

Mise en scène  Eric Didry
Traduction  Michel Lederer
Adaptation  Nicolas Bouchaud, Éric Didry, Véronique Timsit
Collaboration artistique  Véronique Timsit
Lumière  Philippe Berthomé
Scénographie  Élise Capdenat
Son  Manuel Coursin
Régie générale  Ronan Cahoreau-Gallier
Collaboration technique  Thierry Collet
Assisté de  Rémi Berthier

Du 20 au 31 mars 2018, à 21h
Relâche les 25 et 26 mars

Durée 1h30

Réservations : 01 44 95 98 21
www.theatredurondpoint.fr

Théâtre du Rond-Point
2bis avenue Franklin D. Roosevelt
75008 Paris

Métro ligne 1 et 9 (Franklin D. Roosevelt), ligne 1 et 13 (Champs Elysées Clémenceau)
Bus 28, 73, 80, 83, 93

Be Sociable, Share!

comment closed