Critiques // « Un métier idéal » d’après John Berger, de et avec Nicolas Bouchaud, au Carreau du Temple

« Un métier idéal » d’après John Berger, de et avec Nicolas Bouchaud, au Carreau du Temple

Avr 03, 2015 | Commentaires fermés sur « Un métier idéal » d’après John Berger, de et avec Nicolas Bouchaud, au Carreau du Temple

ƒƒƒ article de Dominika Waszkiewicz

p183778_6© Jean-Louis Fernandez

« L’univers ressemble à un cerveau, pas à une machine. La vie est une histoire en train de se raconter. La toute première réalité, c’est cette histoire. » John Berger

En parallèle des représentations de La Loi du marcheur (voir l’article de Florent Detroy), le Carreau du Temple accueille la reprise d’Un métier idéal, adaptation du livre kaléidoscopique de John Berger et Jean Mohr. Entre anecdotes et photographies, il y est fait le portrait de John Sassal, médecin de campagne dans l’Angleterre des années soixante. Texte polymorphe où s’enlacent étroitement narration et considérations métaphysiques, il nous interroge sur notre existence, sur notre manière d’être au monde.

Grâce à une mise en scène fine et sobre, le spectateur pénètre d’emblée dans une intimité propice aux confidences. Sur fond d’immenses photographies de Jean Mohr, le magistral et seul sur scène Nicolas Bouchaud déploie toutes les palettes de son art pour cerner l’histoire de ce médecin passionné dont l’engagement professionnel justifie à lui seul l’existence. Mais, très vite, les aventures de Sassal glissent insensiblement vers l’introspection et la réflexion sur l’art, sur le théâtre. La quête initiale de Sassal revêt tous les chatoiements d’une évidente mise en abyme dans laquelle le comédien se livre et nous raconte ses blessures physiques ou morales, Galilée, Lear. Moments d’une indicible séduction, jeu périlleux maîtrisé avec art et prolongé en questions posées directement au public. Ces questions, dangereusement intimes, parfois lancées comme à brûle-pourpoint, viennent se ficher en nous. Et font mouche. Ainsi, grâce à une étourdissante dramaturgie dont le maelström apparent tourbillonne par paliers, la lumière s’impose et s’opère une sorte de purge, quelque part entre la catharsis des Anciens et la séance de psy.

Bon, peut-être que l’on ne parvient pas à saisir toute la densité de ce curieux objet scénique mais l’on ressort cependant ravi avec, au coin de l’oreille, le souvenir du lumineux memento mori final… Bravo !

Un métier idéal 
De et avec Nicolas Bouchaud
D’après le livre de John Berger et Jean Mohr
Mise en scène Éric Didry
Traduction Michel Lederer
Adaptation Nicolas Bouchaud, Éric Didry et Véronique Timsit
Collaboration artistique Véronique Timsit
Lumière Philippe Berthomé
Scénographie Élise Capdenat
Son Manuel Coursin
Collaboration technique Thierry Collet assisté de Rémy Berthier
Régie générale et lumière Ronan Cohareau-Gallier
Régie plateau Antoine Horde
Régie lumière Sébastien Artaud
Régie son Quentin Vigier, Nicolas Savet
Technicien plateau Benjamin Peyre

Durée : 1h30

Du 31 mars au 18 avril à 20h30
Les 5 et 11 avril à 16h
Relâche les lundis, les 2, 3, 7, 8, 16 et 17 avril

Carreau du Temple
Entrée Plateau
2 rue Perrée – 75003 Paris
réservations 01 83 81 93 30
www.carreaudutemple.eu

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