© Christian Rausch
ƒƒƒ article de Nicolas Brizault
Une femme, Annabelle Bonnéry, créatrice de ce Two, seul présenté à Chaillot. Ses jambes tout d’abord sont mortes, ne cessent de ne pas s’évacuer de la boue, de ce petit carré de briques chargées d’eau, là sur la gauche de la scène, tout près de nous. Les briques, ses jambes, puis son corps, et les briques éclatantes de vie enfin, hurlent sa mort à elle ; les briques mortes et elle, l’eau douce, le linceul et puis plus rien, des briques écrasées séchant.
Two, seul : une heure qui dure, dure, parfois tant mieux, parfois hélas. Annabelle meurt et re-meurt, la boue devient liquide, la boue revit, devient eau presque, quand Annabelle meurt. Splendide le linceul arrive, et la vie va re-commencer, la vie, ses conflits, ses chaos. Deux personnages, trois peut-être vont s’aimer, se battre, se tuer pour mieux s’aimer se battre se tuer. Vivaldi transporte l’ensemble, avec le Stabat Mater, nous transforme en briques, briques-contructions, briques-guerres, briques-désordre infini. Une femme et deux hommes. En plus de celle morte déjà, en plus des musiciennes, présentes et transparentes.
C’est Annabelle Bonnéry, oui, qui a mis en place ce spectacle présenté trois jours de suite, du 15 au 17 février dernier, à Chaillot. Avec six personnages, certains objets/personnages, d’autres musique vivante, d’autres musique simplement, certains du temps. Tous à applaudir sans fin, oui, pourquoi pas, unis et séparés ils nous font du bien, apportent, transportent. Merci.
Parfois on se dit que cette heure explose, que sa fin se pose là, sur cette beauté si fine et si légère qui vient de naître, nous pourrions être au bord des larmes, pourquoi pas, et puis non, tout revient, la furie du re-comprendre, du re-montrer, du re-re-re. C’est long une heure, il faut s’assurer que l’on a bien compris, au cas-où. Dommage.
On aime quand même, et l’on sort de là presque écrasés, par la vie/mort, la boucle indébouclable et le dynamisme éternel, la vie seule.
Two, seul
D’Annabelle Bonnéry
Direction artistique et chorégraphie Annabelle Bonnéry
Direction musicale et création musicale Serge Kakudji
D’après le Stabat Mater de Vivaldi
Création sonore, guitare Thierry Ronget
Création lumières François Deneulin, Claire Villard
Créations costumes Kathy Brunner
Scénographie François Deneulin
Remerciements à Delphine Savel et Jeanne Vallauri
Avec Annabelle Bonnéry, Romuald Kabore, Núria Navarra Vilasaló (danseurs) Serge Kakudji (contre-ténor), Marie Ythier (violoncelle), Fanny Vicens (accordéon).
Du 15 au 17 février 2018
Chaillot – Théâtre national de la Danse
1 place du Trocadéro
75116 Paris
Renseignements 01 53 65 31 00
www.theatre-chaillot.fr
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