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Tu seras mignonne, écriture Angèle Humeau et mise en scène de Pierre Hélie, Le Lavoir Moderne Parisien

Sep 30, 2019 | Commentaires fermés sur Tu seras mignonne, écriture Angèle Humeau et mise en scène de Pierre Hélie, Le Lavoir Moderne Parisien

ƒƒ article de Isabelle Blanchard

Angèle Humeau interprète son texte dans une mise en scène de Pierre Hélie. C’est un seule en scène dans lequel Angèle Humeau interprète différents rôles, ceux de femmes d’une même famille, Colette à différents âges, sa grand-mère et sa mère ainsi que celui d’une patiente dans un centre de soin. Pour les autres personnages c’est une bande enregistrée.

Une jeune femme souhaite en finir avec la vie et sur le moment de sa mise en acte elle se souvient de différents évènements de son parcours et s’interroge sur la naissance de ce mal de vivre qui semble l’accompagner depuis toujours.

Ainsi à travers ses différents souvenirs on assiste à la naissance et l’installation de la mélancolie dans une famille à leur rapport à la mort au fil des années et des générations. Le regard est tendre bien sûr, plein d’amour sur ces femmes. Le regard est moins tendre, plus ironique, plus incisif sur le personnel médical en charge d’accompagner les personnes en mal de vivre, en inadéquation avec cette vie.

Au plateau une cabine téléphonique, un banc et un trait au sol qui semble être la frontière entre présent et mémoire. La cabine, objet d’un autre temps, ramène la maman comme une machine extra temporelle.

Angèle Humeau est une belle interprète elle incarne tour à tour différentes générations de femmes avec amour et gouaille, elle saisit un ou des traits et les restitue de manière drôle et tendre. Ses interprétations sont savoureuses, elle semble croquer, esquisser ses personnages.

À d’autres moments, il n’y a plus de paroles mais des moments chorégraphiés, comme instants au ralenti, photographiques, cinématographiques, qui laissent libre cours à notre interprétation et sont comme des bulles, des parenthèses dans cette vie remplie de mots.

La lumière nous plonge soit dans le présent, soit dans les souvenirs. Là encore c’est réussi, précieux, le plateau est nimbé, l’ombre et la lumière se font un chemin sur scène, se repoussent l’une-l’autre, créent des vagues, des espaces comme si nous étions dans les pensées de Colette.

Depuis son expérience personnelle elle nous interroge sur le mal de vivre, sa transmission inconsciente, l’héritage familial et qui semblerait être véhiculé par les femmes dans cette pièce. C’est donc une histoire très personnelle et on la reçoit comme un cadeau, toutefois, j’ai parfois eu du mal à sortir de cette histoire personnelle pour la transposer au monde et ainsi transformer l’expérience de Colette en expérience plus collective.