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Tous les poètes habitent Valparaiso, écrit par Carine Corajoud, conception et mise en scène de Delphine Lanza et Dorian Rossel, Théâtre La Tempête, Paris

Sep 23, 2024 | Commentaires fermés sur Tous les poètes habitent Valparaiso, écrit par Carine Corajoud, conception et mise en scène de Delphine Lanza et Dorian Rossel, Théâtre La Tempête, Paris

 

 © Daphné Bengoa

 

ƒƒ article de Nicolas Brizault-Eyssette

Aller au théâtre, innocemment séduit par le titre seul d’un spectacle, pourrait être une grosse erreur. Avec beaucoup de chance, cela fonctionne deux fois sur trois, et encore. Donc, pour Tous les poètes habitent Valparaiso, faire une telle sottise serait très risqué, dangereux même. Vous pourriez sortir grognon, développer de mauvaises ondes inutiles et passer une mauvaise nuit. Mener l’enquête est donc ici plus que nécessaire. Sinon, vous serez heureux d’être venus à La Tempête, vous disant que 20h30 est un bel horaire rond. C’est tout. L’innocence n’existe plus, ou c’est un véritable danger pour le choix d’un spectacle.

Tous les poètes habitent Valparaiso est un titre bien séduisant donc. Mais il faut apprendre que ces deux hommes et cette femme, vont très joliment faire tomber, pour de vrai, de belles cloisons légères sur scène, permettant en un rien de temps de changer d’espace, de scène presque. De faire voler des rideaux se transformant en vagues plastifiées et magiques, en nuages inquiétants, que ces deux hommes et cette femme donc, ne paraissant pas plongés au tout début du spectacle à 100 % dans leur texte ou bien dans l’ambiance qu’il est sensé rendre, sont devant vous pour vous offrir une histoire séduisante, tirée d’un fait réel. Celle de Juan Luis Martinez et de Juan Luis Martinez, deux homonymes. Juan Luis Martinez, gentil journaliste, publie un poème Qui suis-je ?. Ensuite, il se lancera principalement dans l’humanitaire, très soucieux de l’aide à apporter autour de soi. Le grand poète chilien, Juan Luis Martinez, reçoit ce petit livre, le lit et est profondément séduit par ce texte qu’il envoie à un journal local. Ce qui en fait un immense succès au Chili, repris par la foule se soulevant à Santiago. Deux noms identiques. Deux voies différentes. Un léger détournement innocent, pas calculé une seconde. Voilà.

Trois personnages sont devant nous, deux d’entre eux avec une identité n’ayant donc que le nom de commun et un texte, abandonné d’un côté, repris de l’autre, au destin, comment dire, assez différent. Voilà pourquoi deux hommes, face à nous, tentent de vouloir échanger on ne sait quoi, ce nom identique peut-être, aller savoir, êtes-vous certain ? Vous croyez ?? Que fait cette femme, cette comédienne ne sachant plus trop ce qu’elle veut ou peut en faire ? Ce spectacle expose des échanges sur l’identité, sur ce que peut devenir un texte, comment il peut être utilisé, comment s’en servir, le présenter. Lui donner vie en somme. Est-ce un rêve, pas forcément bon ?

Tous les poètes habitent Valparaiso, un zigzag presque infini. Autour de l’histoire de ce livre, des sensations de perte, de recherche. Un imbroglio fort net. L’impression d’une boule de papier abandonnée au sol par un chat lassé, et que vous tenteriez de récupérer pour lire ce qui est écrit dessus. Preuve que l’essence même du spectacle a été trouvée et qu’elle s’étend devant nous. Qui est qui ? Pourquoi ? Comment ? Comment mettre tout ça à plat ? La clarté a du bon parfois et ces trois-là, juste devant, sont avant tout comédiens, comédienne, le « personnage », c’est autre chose. Passer dans l’univers de l’histoire, du conte presque devrait être évident ici, nécessaire. Cela ne vient pas. Même avec la plus grande volonté possible. Une idée de danse, pourquoi pas ? Mouvements, images, rythmes. Oui.

Une note d’humour jaillit de temps en temps, un peu trop facilement se dit-on puisqu’on est grognon. Et elle fonctionne, bien en plus. Presque envie de retourner voir ce spectacle, avec toutes les clés et d’en sortir heureux ? Allez savoir ? La surprise existe qui sait ? Bref, vive le renseignement et les spectateurs sérieux, se renseignant comme il faut sur ce qu’ils vont voir ou bien lisent le petit prospectus qu’ils reçoivent à l’entrée. Et tâchent d’en trouver les échos devant eux.

 

© Daphné Bengoa

 

Tous les poètes habitent Valparaiso, de Carine Corajoud, en collaboration avec Dorian Rossel

Conception et mise en scène : Delphine Lanza et Dorian Rossel

Avec Fabien Coquil, Karim Kadjarn Aurélia Thierrée (sauf du 16 au 19 octobre, Alexandra Marcos)

Dramaturgie : Carine Corajoud

Scénographie : Sibylle Kössler, Florian Gibiat

Lumières : Matthieu Baumann, Yann Becker

Création sonore : Anne Gillot

Costumes : Fanny Buchs

Assistanat à la mise en scène : Clément Lanza

 

Du 20 septembre au 20 octobre 2024

Durée 1 h 10

 

Théâtre de la Tempête

Salle Copi

Cartoucherie – Route du Champ-de-Manœuvre

75012 Paris

Réservation : 01 43 28 36 36

www.la-tempete.fr

 

 

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