Critique de Camille Hazard –

Ce spectacle avait déjà été écrit par Georges Aperghis, sous la forme d’une pièce musicale. Dix ans plus tard, il collabore avec l’auteur Olivier Cadiot, pour transformer son spectacle musical. Les textes écrits par O.Cadiot, interviennent tout au long du spectacle, sous forme de récitatifs et accompagnent la chanteuse Donatienne Michel-Dansac dans un long monologue.

Une jeune femme est là, face à nous, assise à une table. Elle laisse échapper de sa bouche, toutes sortes de sons, des mots désarticulés, des vocalises multicolores entrecoupées, çà et là, de phrases débitées à une allure telle, que la compréhension nous échappe. A cour et à jardin, deux écrans nous renvoient l’image de son visage agrandi, devant et derrière elle, deux rectangles blancs sont éclairés, de temps à autres, quand elle parle de Dieu ou d’une quelconque expérience vécue. On devine qu’elle s’adresse à elle-même. Peu à peu elle se découvre, se regarde, et n’a de cesse de transmettre ses émotions joyeuses à travers des « jets » de sons, en formes d’arpèges. Tout au long du spectacle, on se demande si elle improvise selon son humeur, ses divagations, ses interrogations. Non, toutes ces onomatopées qui semblent jaillirent en désordre, sont travaillées, modelées, minutieusement écrites, et parfois même ciselées lorsque la très belle voix de Donatienne Michel-Dansac résonne.

« Je travaille à partir et sur des phénomènes » Georges Aperghis

Si au début, les ruptures dans les phrases, le ton, les notes musicales nous déroutent et nous font rire, nous cherchons ensuite à saisir une parcelle de sens, une continuité pour comprendre la folle promenade vocale et visuelle du personnage.

Le metteur en scène, a souhaité montrer dans ce spectacle que les sons, la gestuelle, l’image, peuvent être plus forts, plus compréhensibles que les mots eux mêmes. Malgré l’excellente technique de Donatienne Michel-Dansac, nous attendons autre chose et nous conjecturons pour trouver un sens au spectacle. Certains mots, lancés par la comédienne, nous parviennent –aimer/haïr-, certaines phrases sur Dieu sont énoncées sur un mode faussement logique, et tout cela provoque un fourmillement d’informations privées de sens. Trop de détails qui ont du mal à former une globalité.

Nous avons l’impression d’assister à une étape de travail d’une création. La forme est intéressante, mais on souhaiterait qu’elle soit englobée dans un spectacle vivant plus abouti.

Tourbillons
Pièce pour voix seule
Musique et mise en scène : Georges Aperghis
Texte : Olivier Cadiot
Avec : Donatienne Michel-Dansac
Lumières et dispositif : Daniel Lévy

Du 26 janvier au 27 février 2010

Théâtre du Rond-Point
2 bis avenue Franklin D.Roosevelt, 75 008 Paris
www.theatredurondpoint.fr

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