ƒƒ article de Jean Hostache

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Adapté librement de Thimon d’Athènes et Titus Andronicus, deux pièces méconnues de Shakespeare, le spectacle du collectif OS’O propose une réflexion burlesque autour de l’argent, de la dette, et de la violence. Ils font du théâtre élisabéthain, un matériau de création contemporaine pour tirer de ces deux œuvres féroces tout ce qui transpire l’actualité. En interrogeant la notion d’endettement (qu’elle soit monétaire ou morale), ils inventent la suite logique et rocambolesque d’une famille à l’heure où l’on doit tirer des conclusions testamentaires d’un père de famille de quatre puis (coup de théâtre)… de six enfants. A la découverte des dernières volontés patriarcales, la situation familiale les mènent tout droit vers la tragédie vengeresse, un bain de sang qui nous rapproche très fort des tableaux morbides et trash de Titus Andronicus : une esthétique du choc, où le sordide devient matière première.

Pourtant il y a dans leur jeu une telle distance avec la violence, que le glauque en devient risible et rend compte d’une certaine familiarité de rapport sociaux. Ce point que soulève ce jeune collectif émergent, demeure très intéressant vis-à-vis du décalage entre le théâtre et le réel, qui tend à les rapprocher et à les banaliser… Une analogie qui fait froid dans le dos, et qui s’amuse à reprendre les codes populaires du théâtre shakespearien où le public réclamait le sang et la cruauté sur le tréteau.

La réception de ce spectacle paraît pourtant complexe. Les comédiens s’apparentent ici à des marathoniens dont l’énergie nous dépasse. Ils jouent à merveille avec l’humour et le cynisme, faisant de Shakespeare et de leur spectacle un rendu parfaitement accessible. Néanmoins l’humour est sans limite et parfois tombe dans le gaguesque et le didactisme. Il y a donc par là une intelligibilité lacunaire à la forme qu’on nous propose et qui l’entrave. Cette sensation démagogique à certains moments des acteurs envers le public, fait malheureusement perdre au spectateur sa faculté de juger proprement les choses. Pourtant il n’empêche que ce spectacle a en lui une composition globale de fond et de forme très riche. On voit d’ailleurs dans la salle combien le public, et se fédère et se rassemble par le rire pour devenir un corps collectif. Seulement aurions-nous aimé d’avantage que le débat implose et partage les foules…

Timon/Titus
Par le collectif OS’O
Mise en scène David Czesienski
Assistanat à la mise en scène Cyrielle Bloy
Dramaturgie Alida Breitag
Scénographie et costumes Lucie Hannequin
Assistante costumière Marion Guérin
Maquillages Carole Anquetil
Musique Maxence Vandevelde
Création lumière Yannick Anché et Emmanuel Bassibé

Avec Roxane Brumachon, Bess Davies, Mathieu Ehrhard, Baptiste Girard, Lucie Hannequin, Marion Lambert et Tom Linton
Du 10 au 26 novembre à 20h30.

Le CentQuatre-Paris
5 rue Curial – 75019 Paris
Métro Riquet, Stalingrad, Marx Dormoy
Réservations 01 53 35 50 00
www.104.fr

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