À l'affiche, Critiques // The Scarlet Letter, inspiré de l’œuvre de Nathaniel Hawthorne, mise en scène Angélica Liddell, au Théâtre de la Colline

The Scarlet Letter, inspiré de l’œuvre de Nathaniel Hawthorne, mise en scène Angélica Liddell, au Théâtre de la Colline

Jan 15, 2019 | Commentaires fermés sur The Scarlet Letter, inspiré de l’œuvre de Nathaniel Hawthorne, mise en scène Angélica Liddell, au Théâtre de la Colline

 

© Simon Gosselin

 

ƒƒƒ article de Isabelle Blanchard

Angélica Liddell s’empare du roman de Nathaniel Hawthorne, The Scarlet Letter, classique de la littérature américaine, où une jeune femme, Hesther Pryne, mariée devient paria pour avoir été mise enceinte par un pasteur qu’elle ne veut pas dénoncer. Elle est alors mise au banc de la société et obligée de porter la lettre A (A pour Adultère) brodée sur son corsage comme marque son pêché. Mais cette lettre si magnifiquement brodée devient le signe de son droit à être. Son art échappe complètement aux puritains, qui la laissent arborer fièrement ce qui, en réalité, constitue un affront à ce qu’ils défendent. La lettre A autour de laquelle tourne le spectacle, Angélica Liddell la décline en Angelica, en Artiste, en Artaud…

Pour commencer, Chants de messe et lumières/ombres caravagesques accompagnent Angelica Liddell et dix hommes. Elle est vêtue d’une grande robe noire à panier, huit hommes sont nus, un neuvième habillé, le dixième porte les habits d’un prêtre, visage caché. Les images déployées font allusion à des tableaux italiens de la Renaissance. Elle se réapproprie à sa façon si particulière, avec un mélange des genres si parlant, les images liturgiques à sa manière excessive, corrosive et libre. Puis son premier monologue : sur les femmes qui ont passé la quarantaine. Comme elle. Pamphlet, diatribe drôle et provocateur.

Angelica Liddell déclare son amour aux hommes. Après avoir souvent abordé la violence qu’ils exercent sur les femmes, voilà qu’elle prend leur parti face à leurs congénères qui, en partie, seraient en train d’opérer une réaction morale de grande envergure. On peut suivre ou pas. Elle aime choquer, aller à l’inverse des pensées convenues, jamais politiquement correct. Ce monologue nous pousse à regarder autrement ces hommes nus sur scène : un cadeau. Telle une maîtresse de cérémonie, elle nous offre la vision de corps athlétiques et beaux, puissants et doux. Pas de vulgarité, juste la chair et l’humanité.

Ce spectacle performance est très physique, très puissant comme toujours avec Angelica Liddell. Sa douleur fait écho à la folie du monde, son chant devient hurlement, sa danse devient course.  Elle choque, fascine, et provoque des émotions, des réactions, de la colère, du dégoût, de l’amour, de l’admiration, de la joie. Et toujours elle questionne. Elle rend hommage à Artaud, Rimbaud, tous ces artistes qui de nos pires immondices ont su créer une œuvre magnifique.

Angelica Liddell nous interroge sur le retour du puritanisme au sein de nos sociétés. Car que souhaitons-nous, quelle vie désirons-nous ? Que sont ces règles de plus en plus revendiquées qui permettraient, si on entend bien, d’échapper aux dangers de la vie. Elle s’interroge sur le rôle de l’artiste dans une société réclamant toujours plus de carcan et une domestication de nos instincts où l’homme s’éloigne de plus en plus de son humanité. Cela pour construire une société aseptisé reposant sur la peur d’être jugé et la peur de mourir. Ainsi commence le livre et la pièce : « Les fondateurs d’une colonie nouvelle, quel que soit l’idéal de vertu et de bonheur qu’ils aient eu d’abord à l’esprit, ont invariablement reconnu dans la pratique la nécessité, parmi les plus urgentes, d’affecter une partie du sol vierge à la constitution d’un cimetière et d’en destiner une autre à la construction d’une prison. »

 

 

© Simon Gosselin

 

The Scarlet Letter, librement inspiré de l’œuvre de Nathaniel Hawthorne

Mise en scène Angélica Liddell

Assisté Borja Lopez

Avec Joele Anastasi, Tiago Costa, Julian Isenia, Angélica Liddell, Borja López, Tiago Mansilha, Daniel Matos, Eduardo Molina,  Nuno Nolasco, Antonio Pauletta, Antonio L. Pedraza, Sindo Puche

 

Du 10 décembre au 26 janvier 2019

Du mercredi au samedi à 20h30, le mardi à 19h30, le dimanche à 15h30

Spectacle en espagnol, italien et portugais surtitré en français

 

Durée 1h40

Le spectacle présente des scènes de nudité, des gestes posés sur le plateau peuvent être sources de gênes pour certains spectateurs.

 

Théâtre La Colline
15 rue Malte-Brun

75020 Paris

 

Réservation au 01 44 62 52 52

www. colline.fr

 

 

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