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The generosity of Dorcas, mise en scène de Jan Fabre, au Théâtre de la Bastille

Jan 24, 2019 | Commentaires fermés sur The generosity of Dorcas, mise en scène de Jan Fabre, au Théâtre de la Bastille

ƒƒ Florent Mirandole

Il est difficile de rentrer dans The generosity of Dorcas. Pas du fait de la qualité du spectacle, mais parce que chaque spectateur reçoit avant de rentrer dans le théâtre un prospectus dénonçant « le comportement imprévisible et le tempérament capricieux » du metteur en scène. Comportement qui a provoqué le départ de vingt collaborateurs du chorégraphe selon le tract, dont l’interprète initiale du solo, intitulé à l’origine The generosity of Tabitha.

Le choix d’une figure religieuse, connue pour sa générosité et son empathie, Dorcas, pouvait à cet égard apparaître tristement ironique. Mais passé les premières minutes du spectacle, à se demander si être rentré finalement dans le théâtre ne revenait pas à cautionner le comportement du chorégraphe, la beauté plastique du solo a permis, un temps, de mettre cette question de côté.

Revêtu d’une robe et d’une soutane sombres, coiffé d’un chapeau noir, Matteo Sedda avance lentement sur la scène. Le pas est prudent, agité de quelques soubresauts fugaces.  Sur la scène, seuls s’illuminent les deux gants blancs étincelants du danseur, qu’il s’amuse à faire vibrionner dans l’espace obscurci, dessinant à l’infini des figures énigmatiques et douces.

La beauté de cette entrée mystique est renforcée par un décor tout aussi spirituel. Au dessus du plateau dépouillé plane une nef de cordelettes violemment éclairées, au bout desquelles pendent des aiguilles. Matteo Sedda va en décrocher de nombreuses, pour s’en parer, s’en percer, ou jouer avec elles.

Le danseur incarne cette figure pieuse et austère de Dorcas. Femme de Jaffa, connue pour ses bonnes œuvres, elle fut ressuscitée par l’apôtre Pierre pour assister au calvaire du christ. De cet être peu connue, Jan Fabre a tiré ce solo. The generosity of Dorcas n’est pas une œuvre autour de la figure de Dorcas, mais sur son ascension mystique. A partir de l’entrée en matière tout en retenue, le danseur va rentrer dans différents stades de tension, d’animation et de folie. Accompagné par la musique originale de Dag Taeldeman, qui va scander les différentes transes de Dorcas, le solo nous entraîne dans la libération, la transe, ou de la psyché étonnement torturée de cette femme sainte.

Il n’est pas certain que la vision de Jan Fabre de Dorcas plairait à la doxa chrétienne. Le chorégraphe semble surtout s’être saisi de cette figure pour tisser une pièce foisonnante, multiplier les scènes d’extase et d’enthousiasme. Peut être avec en arrière plan le thème de la renaissance et de résurrection. Sa réussite tient en grande partie à l’incarnation de Matteo Sedda, à l’aise dans les ascensions mystiques et les blagues de garçon de bain typique du chorégraphe.

 

Concept, chorégraphie & direction Jan Fabre
Musique Dag Taeldeman
Performer Matteo Sedda
Scénographie & costume Jan Fabre
Dramaturgie Miet Martens
Technicien Geert Vanderauwera
Responsable de production Sebastiaan Peeters
Production Troubleyn/Jan Fabre (BE)
Coproduction FAB- Festival international des Arts de Bordeaux Métropole (FR)
Tandem Arras Douai (FR)
ImPulsTanz Vienna International Dance Festival (AT)

Du 16 au 31 janvier 2019-01-18

Théâtre de la Bastille
76 rue de la Roquette
75011 Paris
T+ 01 43 57 42 14
www.theatre-bastille.com

 

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