© Centre Pompidou
 

ƒƒƒ article de Nicolas Brizault-Eyssette

Territoires, Comment dire… On n’a pas pu tout voir et on serait bien volontiers resté des heures au cinquième étage, devant ce qui nous était présenté par ces artistes travaillant avec Mathilde Monnier depuis des années et en gardant apparemment (et sans le moindre doute) un plaisir immense (Mathilde Monnier qui a dirigé durant vingt ans le Centre chorégraphique national de Montpellier et qui diffuse son énergie depuis 2013 au Centre national de la danse à Pantin). Oui, lorsque des barrières sont apparues devant les Picasso, Otto Dix Ou les Matisse pourquoi pas. Et puis Delaunay, aussi. Quel malheur ! (Tous les autres aussi…) Oui, nous les avons regardés avec un plaisir immense, secret presque, Pompidou rien que pour nous, avec ici ou là des hommes et des femmes d’une concentration pure, concentration qui s’entendait presque, nous étions si proches d’eux, les bousculions parfois où nous trouvions un peu embarrassés comme ces deux femmes, époustouflées devant une toile de…, en discutant sagement avant de s’apercevoir que derrière elles, un très léger vide, deux danseurs en pleine action, au sol, puis à droite, à gauche, là, puis tout autour d’eux… et d’elles, un grand public très attentif. Au problème, tous évoluaient entre nous, parfois faisant participer ce public, corps immobiles mais efficaces.

Territoires, est une reprise de plusieurs réalisations, d’échantillons revus si l’on peut dire, et l’on passait de l’une à l’autre, au hasard, libre et lancés dans cette aventure fascinante. Territoires, s’ouvre sur la mémoire de cette accumulation de gestes, de mouvements trentenaires, de regards même, de souffles et autre résonnances, si l’on peut dire. Ils ressortent de leur pure histoire, vérité ou contexte pour un créer un nouveau, pour nous, dans un nouveau contexte, un nouveau… territoire. Une femme est juste devant vous, et vous plonge dans son travail, vous participez presque de ce mouvement, vous entendez ses pas, tous ses mouvements, l’envol d’une main, une épaule descendue. Bonheur et émotion complète. Puis un salut rapide ému et là, un autre bonheur : explications essoufflées de ce travail, son histoire. De quels hasards il a pu naître, lié à quelle évidence trouvée ensemble, ou proposé sur un plateau par cette femme au nom presque magique ici, ce soir, de Mathilde Monnier, qui revient, une amitié, de discrets mais évidents et heureux chapeaux bas résonnent. Travailler, créer ensemble, depuis des années. Laisser naître des évidences. Sourires épuisés. Territoires est une micro foultitude d’instants magiques, qui donnent presque envie d’avancer vers la danse, de s’y lancer, sentant cette joie, cette construction. Le partage est fort. Beaucoup de difficultés pour passer à une autre salle, s’approcher d’un autre travail, ailleurs. Le désir de rester en communion essoufflée est immense. Alors certes une tristesse immense déborde quand ils nous rejoignent tous, que de très sérieux messieurs nous font gentiment gagner la sortie. Mais l’envie de se plonger dans le travail de Mathilde Monnier est plus que présent. L’effet dans lequel nous sommes nous en assure, mais aussi les visages fatigués mais lumineux de celles et ceux qui viennent de nous offrir ces souvenirs, là, devant des murs majestueux, face à un public épars époustouflé, heureux.

© Centre Pompidou

Territoires, de Mathilde Monnier

Auteur, compositeur, interprète : Babx 

Avec : I-Fang Lin, La Ribot, Corinne Garcia, Martín Gil, Lucia García Pullés, Julien Gallée-Ferré, Rémy Héritier, Jone San Martin, Carolina Passos Sousa, Thiago Granato, Zoé Lakhnati, Andrea Givanovitch, Michael Nana, Jessica Allemann et les étudiantes et étudiants du master d’interprète du CNSMDP

Avec la participation exceptionnelle de Philippe Katerine le dimanche 29 septembre

Production : Association MM
La compagnie MM est soutenue par la Drac Occitanie – ministère de la Culture
Avec le soutien de Dance Reflections by Van Cleef & Arpels et Pernod Ricard

Avec le Festival d’Automne 2024

Durée : 1h30

Du 27 au 29 septembre 2024
19h30 – 21h puis 21h30 – 23h

Musée national d’art moderne

Place Georges-Pompidou
75004 Paris

Niveau 5

www.centrepompidou.fr

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