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Tchékhov à la folie : La Demande en mariage et L’Ours, d’Anton Tchékhov, mise en scène de Jean-Louis Benoit, Théâtre de Poche

Avr 16, 2019 | Commentaires fermés sur Tchékhov à la folie : La Demande en mariage et L’Ours, d’Anton Tchékhov, mise en scène de Jean-Louis Benoit, Théâtre de Poche

La demande en mariage © Victor Tonelli

ƒ article de Corinne François-Denève

De l’avis même de Tchekhov, La Demande en mariage et L’Ours, pièces en un acte, étaient des « plaisanteries ». Ce sont à tout le moins des pièces de jeunesse, où l’on cherchera en vain, semble-t-il, le ton mélancolique des pièces plus « abouties » et plus connues – même si, de l’aveu même d’André Markowicz ou de Françoise Morvan, ses traducteurs fétiches, les Français sont souvent insensibles à l’humour des pièces du dramaturge russe. Avec La Demande en mariage et L’Ours, Tchékhov s’essayait en tout cas au boulevard français, qualifié depuis quelque temps par la critique de frénétique ou hystérique, d’où, sans doute ce « à la folie » qui assure le lien entre les deux pièces.

« Ah attention, hein, c’est du Tchekhov, mais ça va crier », prévient Philippe Tesson, le soir de la première, avant de se lancer dans un numéro comique avec son ouvreuse slavophone. Certes oui. C’est bien au Boulevard que l’on est, peut-être, avec ces mimiques appuyées, ces « face public », ces répliques lancées à la cantonade, ces accessoires qu’on fait voler et ces décors qui bougent. Ça crie et ça résonne dans la petite bonbonnière du Poche, tandis que les sièges bien sages s’agitent de « Oh, là, là, ce couple », « tu as vu ce qu’elle lui a mis », comme au poulailler.

L’entreprise n’est pas désagréable, les acteurs et l’actrice possédant l’abattage voulu. L’heure et demie passe sans déplaisir, avec une préférence pour La Demande en mariage, où le duo comique « passe » mieux que le second. Entre deux salves de cris, on se demande ce que donnerait Manuel Le Lièvre en ours. Ce Tchekhov-là est roublard et bien troussé, avec la bande-son rustique qui convient, et la scénographie maligne qui permet de passer d’une pièce à l’autre.