Critiques // « Tartuffe d’après Tartuffe » de Molière par G. Morin au Théâtre de la Bastille

« Tartuffe d’après Tartuffe » de Molière par G. Morin au Théâtre de la Bastille

Sep 29, 2010 | Aucun commentaire sur « Tartuffe d’après Tartuffe » de Molière par G. Morin au Théâtre de la Bastille

Critique de David C.

Nos jours de nos jours

Le grand bourgeois Orgon s’est laissé subjuguer par Tartuffe dont il admire la foi profonde. Ce dernier n’est qu’un talentueux aventurier intéressé par la fortune de son admirateur. Malgré l’hostilité de sa propre famille, Orgon a fait de Tartuffe son directeur de conscience et s’est entiché de lui au point de proposer sa fille en mariage, alors que dans le même temps, Tartuffe tente de séduire Elmire, la jeune épouse d’Orgon.

© Pierre Grosbois

Tartuffe d’après Molière : Théâtre populaire !

« Couvrez ce sein que je ne saurais voir »

Évidemment ce que j’ai vu appartient à Molière. Rien ne l’abîme, rien ne le transforme. Tartuffe reste Tartuffe. Molière assure la stabilité et la validité de son spectacle. Et les acteurs sont merveilleux. Je me suis retrouvé presque nez à nez avec Tartuffe (Julian Eggerickx). J’ai pu voir dans ses yeux toute l’hypocrisie, tout le plaisir de se jouer des autres. Orgon (Grégoire Monsaingeon) est démentiel. Tous courent, sautent sur les tables, font de grands gestes et des galipettes. Je ne pouvais pas résister à rire, à plonger avec eux dans cette histoire incroyable. Certes c’est léger. Mais c’est une comédie. C’est populaire. Ce qui n’empêche pas les acteurs d’être fins et subtils aussi. Je n’en demande pas plus.

© Pierre Grosbois

Mais c’est là que vient le génie de cette pièce : les acteurs ne disent que ce qui est nécessaire pour notre époque. Molière a écrit pour son temps. Il est donc évident qu’une partie ne nous concerne plus. Aujourd’hui les occupations et préoccupations ont changé. Alors les acteurs s’adaptent. Et lorsque vient un passage un peu ennuyeux, les acteurs s’ennuient avec nous. Ils débitent le texte pour arriver à la partie qui nous intéresse vraiment. Et même moi, fervent conservateur , j’ai été séduit par l’habileté des comédiens à rendre cette histoire moderne.

Tartuffe d’après Gwenaël Morin : Théâtre engagé ?

« La pire hypocrisie est celle que l’on se joue à soi-même. »

Je n’aime pas les mises en scènes trop contemporaines. Je partais donc avec un sentiment négatif. Et voir les comédiens se préparer sur scène pendant que je m’installais dans le public n’a fait que renforcer ce sentiment. Quel dommage de passer les premières minutes du spectacle dans une ambiance si condescendante.

© Pierre Grosbois

Visuellement, c’est très simple. Une table, une chaise, une bougie et un immense tableau du radeau de la méduse. Juste la table aurait suffit mais je suppose que tout cela doit avoir un sens qui m’a échappé. Ce n’est pas grave. Ce qui est grave, ce sont les costumes. Il n’y en a pas, même pas un, petit effort de sobriété. La seule actrice de la troupe se ballade avec de vulgaires baskets, un haut kaki peu avantageux et un jean. Et la voilà en train de jouer un scène de séduction intense. Elle aurait pu trouver mieux, c’est sûr. Mais bon, le principal est que cela ne gène pas la compréhension de la pièce. Et à ce niveau, pas d’inquiétudes. L’autre choix douteux est celui du metteur en scène acteur. Gwenaël Morin joue un jeu simple, sans prétention, mais il n’est pas à la hauteur des autres. Et on sent bien que tout ça ne sert qu’un désir personnel d’engagement politique. Mais ce n’est pas assez présent pour que cela fasse effet. Dommage.

C’est malgré tout joyeux que je suis ressorti du théâtre de la bastille. Molière est pour moi un homme du théâtre populaire dans le sens le plus positif qui soit. Et Tartuffe d’après Tartuffe rassemble tous les ingrédients pour créer ce théâtre populaire magnifique dans une version totalement fraîche et moderne. Oublions le style, rions un peu et moquons nous de ces hypocrites !

Tartuffe d’après Tartuffe
Texte
: Molière
Mise en scène : Gwenaël Morin
Avec : Renaud Bechet, Julian Eggerickx, Barbara Jung, Grégoire Monsaingeon, Gwenaël Morin et Ulysse Pujo
Régie : Manuella Mangalo

Du 27 septembre au 31 Octobre 2010

Théâtre de la Bastille
76 rue de la Roquette, 75 011 Paris – Réservations 01 43 57 42 14
www.theatre-bastille.com

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