© Ariel Tagar
ƒƒƒ article de Nicolas Brizault
Ce spectacle en deux parties jumelles, d’abord deux hommes puis deux femmes, débordants à leur façon d’une Submission, est assez surprenant. Sa chorégraphie est due à l’un des quatre danseurs, Adi Boutrous, jeune artiste débordant de talent. On ne sait exactement comment ressortir du Théâtre des Abbesses, après une heure, oui, rien qu’une heure, mais néanmoins abasourdis et décalés : sommes-nous écrasés par un charme ? lassés malheureusement ? guidés par notre propre identité ? Submission…
Adi Boutrous dit que « la pièce parle des genres, du regard sur la femme et sur l’homme (…). Quelle danse attendons-nous de la femme, quels en sont les symboles ? (…) La partie féminine est très physique, avec beaucoup de manipulations du corps de l’autre, alors que les hommes créent beaucoup de proximité entre eux. » Oui, voilà. Deux hommes avec de la joie poursuivie, de l’élan, de la gaîté. Tous les deux courent, sursautent, font naître un érotisme-symbole à la fois léger et évident, trop, pas assez, magnifique. Le mystère déborde, la force est là, la subtilité fleurit un peu partout, mouvements nets sur esquisse d’un autre, chant des répétitions. Tous les deux nous avalent, nous font saisir sans équivoque ici le terme de Submission. Du costaud et du fluide, des mecs quoi.
Les deux femmes ont le même rôle, sauf qu’effectivement, elles évitent le gnangnan qui pourrait leur coller aux basques, puisque ce sont des femmes. La force est ici plus carrée, mécanique, on pense que la poésie fout le camp et justement, on se laisse avoir. Les filles sont en rose et les garçons en bleu, normalement. En plein dans le mille ! La beauté est la même, différente, c’est tout, et la gaîté explose, rejoint le bonheur du départ. Pas de copie inversée, non, un travail bien plus subtil proposé par Adi Boutrous. Des identités, elle ou lui, il et elle, deux et deux tirés du jeu pour nous montrer comment ça marche, ici où là.
Abasourdis et décalés, oui, c’est bien comme ça que l’on ressort, mais vivants, emportés, entraînés et riants de ces évidences mêlées, pour voir ce que ça donne, pour cesser les comme-si. Deux chorégraphies différentes, oui, mais absolument pas opposées, du féminin, du masculin, différents, oui, mais absolument pas opposés.
© Ariel Tagar
Submission, chorégraphie Adi Boutrous
Crée et interprété par Avshalom Latucha, Adi Boutrous, Anat Vaadia, Stav Struz
Conseillers artistiques & répétiteurs Anat Vaadia & May Zarhy
Lumières Ofer Laufer
Costumes Reut Shaibe
Conception et montage bandes sonores Adi Boutrous
Musique Francisco López (Untitled #168), Prince Conley (I’m going home), Entrance (Make Me a Pallet on your Floor), Graham Lambkin (Glinkamix, Georgete da Mocidade, Chuva na favela)
Du 24 au 26 janvier 2019 à 20h
Durée 1 heure
Théâtre de la Ville – Théâtre des Abbesses
31 rue des Abbesses
75018 Paris
Réservation :
www.theatredelaville-paris.com
Métro : Ligne 12 station Abbesses ; Ligne 2 ou ligne 12 station Pigalle
Bus 30, 54, 67 : Arrêt Montmartobus
Vélib : Station Place des Abbesses
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