À l'affiche, Critiques // Speak Low if you speak love… de Wim Vandekeybus/Ultima Vez, La Villette, Festival 100 %

Speak Low if you speak love… de Wim Vandekeybus/Ultima Vez, La Villette, Festival 100 %

Avr 10, 2016 | Commentaires fermés sur Speak Low if you speak love… de Wim Vandekeybus/Ultima Vez, La Villette, Festival 100 %

ƒƒƒ article de Denis Sanglard

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© Danny Willems

Une chorégraphie complètement décalée, une danse de vie et de mort, d’une énergie de dingue, furieusement métissée comme toujours. Wim Vandekeybus nous parle d’amour mais plus que d’amour c’est de la rage d’aimer qu’il est question. Une guerre des sexes aussi, follement menée par ses 8 danseurs. Chacun cherche sa chacune, chacune sa chacune, chacun son chacun, les couples se font, se défont. On s’aime, on se déchire, on se cherche, on se fuit. L’amour est un sport de combat, une danse échevelée, tendue. Et cette danse là est un métissage sacrement secoué. Wim Vandekeybus signe des tableaux, faussement naïfs parfois, puise aussi dans la peinture – Magritte, d’emblée -, cherche dans le folklore et les danses urbaines de quoi alimenter sa danse et trouver une réponse à la question posée, l’amour. N’hésitant pas à remonter aux origines, Adam et Eve, et plus loin aux tribus vaguement et probablement australopithèques dans une séquence délicieuse de préjugés tribaux ou l’expression tirée par les cheveux prend ici un tout autre sens. Car de l’humour il n’en manque pas non plus même si pour résumer cette vaste réflexion l’amour est cerf-volant salement plombé… Jolie métaphore appliquée à la lettre dans une séquence qui vire à la rage. Une réflexion tout azimut comme la danse qui brasse et revisite le folklore donc, le contemporain et même les majorettes. Patrimoine belge sans doute au même titre que Magritte. Mais il n’y a pas que la danse pour répondre à la question posée. Epaulée par le musicien Mauro Pawlowski et ses compagnons ainsi que la superbe chanteuse sud-africaine Tutu Puoane, dont la musique et les chants accompagnent cette chorégraphie et font de cette création un objet quelque peu hybride et expérimental où chacun donne de sa personne sur le plateau. Wim Vandekeybus au final ne répond pas à la question de l’amour, ce qu’il donne à voir et à entendre c’est les mille et un sentiments contradictoires qui traversent l’homme en proie à ce sentiment explosif. Sa danse porte haut ce sceau et cette énergie là, ce sentiment capable de vous hisser comme de vous anéantir. Une danse vivante, terriblement.

Speak low if you speak love…
Mise en scène, chorégraphie, scénographie Wim Vandekeybus
crée et interprété par Jamil Attar, Livia Balazova, Chloé Beillevaire, David Ledger, Tomislav English, Nuhacet Guerra Segura, Sandra Geco, Mercky, Maria Kolegova
Musique originale (live) Mauro Pawlowski, Elko Blijweert, Jeroen Stevens, Tutu Puoane

La Villette
211 avenue Jean-Jaures
75019 Paris
du 5 au 9 avril 2016 à 20h30
réservation 01 40 03 75 75
lavillette.com

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