© Cyril Porchet

ƒƒ article de Toulouse

Sous les yeux d’un Bruno – sorte de jury-garagiste aussi maladroit qu’intransigeant – dix danseurs viennent tour à tour faire leur preuve sur le dance-Floor, recréant ainsi un marathon ou un concours disco des plus endiablé.

Tous types d’individus sont invités à se joindre à la danse, des danseurs les plus virtuoses à ce qui relèvent de corps vieillissants qui viennent ressasser les fantômes de leur soirées d’adolescents. Le spectacle débute ainsi sous le signe de la cruauté, de la compétition et du concours et, peu à peu, les lignes se déplacent et oscillent vers une forme bien plus absurde d’où la poésie émerge. C’est de l’individu au sein du groupe dont on où nous parle ici, un Madison à plusieurs solitudes, un slow qui embrasse des altérités. La danse disco, sans doute synonyme d’émancipation du corps, est ici utilisée comme valeur sociologique pour révéler des singularités dansantes. C’est un agent libérateur qui tire le voile sur l’âme humaine.

Ce spectacle est tout à fait intéressant à voir dans ces portraits qu’endossent des interprètes plus ou moins talentueux (et dans le talent nous ne parlons pas de virtuosité mais de justesses d’intentions, car pour certains le jeu semble trop fabriqué et pas assez sincère). Néanmoins on sent que la forme est dépassée. À replacer dans l’histoire de la danse, on imagine bien la réception de cette création fantasque, datée maintenant de presque vingt ans, comme un coup de fouet dans la vague de la danse conceptuelle. On y sent un chorégraphe italien innovant et à l’écoute de la pulsation de son époque. Il est d’ailleurs intéressant de voir que la création de ce spectacle date de la même année que l’œuvre mythique de Jérôme Bel « The show must go on » et qui partage bien des point communs. Mais les années ont passées et on a comme l’impression que ces logiques et ces stratégies chorégraphiques, de montrer la danse comme readymade, sans filtre, telle qu’elle est socialement, nous ont été depuis sans cesse rabâchées et qu’il est temps de réinventer cela. Nous n’en voulons donc pas à Marco Berettinni, dont le travail qu’il poursuit est par ailleurs dans cette lancée de réinvention de la danse contemporaine et dont le spectacle garde quelques atouts, mais davantage à la programmation du Festival d’Automne et du Centre National de la Danse. Il est en effet difficile à concevoir la programmation d’un spectacle tel quel, sans s’inscrire dans une rétrospective ou quelque chose qui l’inscrit autrement sans faire événement. Car, à dire vrai, on a parfois le sentiment de recevoir ici une trop forte impression de déjà-vu.

© Cyril Porchet

Sorry, do the tour. Again!, direction artistique, Marco Berrettini

Chorégraphie et interprétation, Marco Berrettini, Jean-Paul Bourel, Natan Bouzy, Bryan Campbell, Ruth Childs, Simon Crettol, Marion Duval, Bruno Faucher, Chiara Gallerani, Milena Keller

Répétitrice et co-réalisatrice, Chiara Gallerani

Musique, Gloria Gaynor, Michael Jackson, Donna Summer, Sylvester

Lumières et scénographie et régie générale, Bruno Faucher

Du 3 au 5 octobre 2019 à 20 h

Centre National de la Danse

1, rue Victor-Hugo

93500 Pantin

Réservations au 01 41 83 98 98

www.festival-automne.com

Métro 5 Hoche, RER E Pantin, Tram 3b Delphine Seyrig

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