© Magda Hueckel

Article de Jean Hostache

Le metteur en scène, vidéaste et plasticien Markus Öhrn s’empare de la prose strindbergienne, pour nous livrer un spectacle tout à fait déroutant et dérangeant. C’est une esthétique du choc, de la provocation, qui est mise en place dans ces stratégies douteuses de mise en scène. Tous les ingrédients du trash sont ici réunis : sang, sexe, décibels qui grimpent au sommet, meurtres, incestes, déformations du corps, cris, etc… L’espace est complètement déconstruit, et le public disposé en quadri frontal sur la grande scène des Amandiers contemple l’horreur sur des écrans surélevés, et qui retranscrivent des vidéos filmées en temps réels. La caméra poursuit les acteurs, rentre dans l’intimité de cette histoire obscure. Les comédiens ont des figures marionnetiques, ils portent des masques sphériques gigantesques qui recouvrent entièrement leurs visages, et leur donnent une qualité de corps tout à fait singulière. Ils sont comme des créatures arrachées au monde des enfers et jetées au combat sur une arène. C’est d’une violence inouïe. Trop peut-être ?

Il reste néanmoins que cette proposition, bien que radicale, demeure totalement illisible. La surcharge d’informations qu’on nous martèle tout au long du spectacle, perd complètement le spectateur qui y assiste. Qu’il s’agisse de la vidéo, du texte polonais sous-titré en français, du peu de scènes auxquelles on assiste si la visibilité nous le permet, du son électroniquement transformé et très fort, du décor imposant, des marionnettes humaines… toutes ces propositions trop abondantes restent maladroitement mixées dans ce dispositif. On assiste à la noyade malheureuse du texte de Strindberg dont on ne retire que peu de chose, le jeu étant si peu intelligible. On aime à voir des plasticiens s’emparer des scènes de théâtre et proposer des dispositifs fort proches de la performance. Mais quand on nous le propose si cru, sans raffinement et sans pensée dramaturgique et philosophique, et que la gourmandise et l’abondance des effets perd totalement le propos, le spectacle s’avère insupportable et insoutenable à regarder.

Sonata Widm (La sonate des spectres)

Mise en scène, scénographie et son  Markus Öhrn
Texte  August Strindberg

Avec  Ewa Dałkowska, Bartosz Gelner, Helena Gąsiejewska, Małgorzata, Hajewska-Krzysztofik, Wojciech Kalarus, Marek Kalita, Maria Łozińska, Joanna Niemirska, Jakob Öhrman, Piotr Polak, Jacek Poniedziałek, Magdalena, Popławska

Création lumières  Marta Pruska
Vidéo  Jakob Öhrman
Assistant video  Hanna Maciąg
Sculpture  Wojciech Pustła
Sculpture harpe  Tilda Lovell
Masques  Julia Cieślak
Assistants costumes  Krystan Jarnuszkiewicz, Katarzyna Sankowska
Interprétation des Valkyries  Linus Öhrn, Janne Lounatvuori
Adaptation musique  Jan Duszyński
Assistant à la mise en scène  Romuald Krężel
Traduction en polonais  Anna Topczewska
Traduction française  Arthur Adamov et Carl-Gustaf Bjurtröm
Traduction anglaise  Artur Zapałowski
Photographie  Magda Hueckel

Du 19 au 22 janvier 2018
Le lundi et vendredi à 20h30
Le samedi à 18h et le dimanche à 15h30
 

Nanterre-Amandiers
7 avenue Pablo-Picasso,
92022 Nanterre Cedex

RER A : Arrêt Nanterre-Préfecture
Bus 160 : Arrêt Joliot-Curie Courbevoie
Bus 259 : Arrêt Théâtre des Amandiers
Bus 159 : Arrêt Théâtre des Amandiers

Réservations au +33 (0)1 46 14 70 00

www.nanterre-amandiers.com

www.festival-automne.com

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