ƒƒ article de Victoria Fourel

« What a glorious feeling… » Les airs de Singin’ in the Rain restent dans les têtes depuis 1952, et ils ne sont pas prêts d’en sortir, visiblement. Dans le grand et beau Châtelet, la comédie musicale trouve sa place aussitôt et dès les premières minutes, la magie s’installe. Don Lockwood, star incontestée du cinéma muet, et flanqué d’une partenaire terrible et terriblement drôle, doit changer son fusil d’épaule le jour où le parlant change le monde. Le reste fait partie de l’Histoire de la comédie musicale. Et tous les numéros cultes sont là, on retrouve la chaleur et la douceur de Singin’ in the Rain, ses chorégraphies et ses traits d’humour. L’esprit est conservé, et la scène elle-même donne à voir son génie et son côté conte de fée.

Les amateurs du film et du genre s’y retrouvent, et les quelques surprises que réserve cette production ne sont pas de trop. Il y a assez peu de séquences originales, et même si la scène jette une lumière nouvelle sur la comédie musicale, on a envie de plus d’inventions et de surprises, car celles que compte le spectacle sont délicieuses – on reste bouche bée devant l’orthophoniste nouvelle version. Ainsi, on rêve de découvrir ce que Singin’ in the rain inspire aux auteurs et aux metteurs en scène d’aujourd’hui.

Mais les numéros et les chorégraphies sont mis en valeur, les décors sont beaux, quelque part entre super-production hollywoodienne et théâtre de rue, et les excellents chanteurs, danseurs et comédiens perpétuent une tradition de musical, et c’est bien là-dessus que l’on attendait le spectacle. Ce qui surprend davantage, c’est l’émotion que l’on ressent en voyant sortir les claquettes et les parapluies de l’écran. La mise en scène de Carsen parvient à donner une sensation de proximité, d’intimité même, pendant les numéros musicaux, jusqu’à un très beau final. Ce plaisir évident se lit partout dans le spectacle : le trio principal ne démérite pas, et le Gene Kelly de l’occasion, Dan Burton, marche sobrement dans les traces de son aîné avec beaucoup de grâce.

Bien sûr, il faudra bien qu’un jour on réinvente entièrement les codes qui ont fait le genre ‘comédie musicale’, mais cette production ressemble à un hommage, plein de tendresse, de technique et de désir. Alors on ne peut que sortir avec des yeux d’enfant et espérer de revoir ça un jour.

Singin’ in the rain
Texte Betty Comden et Adoph Green
Mise en scène Robet Carsen
Costumes Anthony Powell
Décors Tim hatley
Lumières Robert carsen et Giuseppe Di Iorio
Chansons  Nacio Herb Brown et Arthur Freed

Avec Dan Burton, Daniel Crossley, Clare Halse, Emma Kate Nelson, Robert Dauney, Jennie Dale, Matthew Gonder, Matthew McKenna et Karen Aspinall.

Du 12 au 26 mars 2015, à 20h et 16h le dimanche.
Reprise du 27 novembre 2015 au 15 janvier 2016

Théâtre du Châtelet
1, place du Châtelet 75001 Paris
Métro Châtelet
Réservation 01 40 28 28 28
www.chatelet-theatre.com

Be Sociable, Share!

•