Critique de Bettina Jacquemin –
Oscar et Gwendoline
Salomé, fille d’Erodias et belle-fille du Roi des Juifs, Hérode tente de séduire le Prophète Iokanaan, un prisonnier qui révèle avoir rencontré l’homme qui ressuscite les morts. Repoussée, la princesse de Judée demande alors la tête du prisonnier à son beau-père. Hérode qui refuse de livrer aux Juifs celui qui a vu le Messie tente également de dissuader la jeune femme. Mais, subjugué par sa beauté, il se laisse convaincre lors d’une danse sensuelle…
Méandres du désir féminin ? Influence de la lune ?
La pièce d’Oscar Wilde est inspirée de l’épisode biblique de Salomé et la danse des sept voiles. Iokanaan ou le Prophète Jean Le Baptiste maudit Salomé mais également Hérodias, la mère de la jeune femme pour son mariage incestueux avec le frère de son époux défunt. Pour avoir demandé la rémission des péchés de Salomé, le prisonnier se voit condamné à être décapité.
À la Folie Théâtre accueille Olivier Bruaux. Le metteur en scène adapte la version poétique d’Oscar Wilde d’une tragédie relatée dans le Nouveau Testament. Malheureusement, l’ouverture du rideau dévoile quelques incohérences qui vont vite nous éloigner de la tragédie. Oubliés les méandres du désir féminin, l’influence de la lune…On aurait imaginé des comédiens moins engoncés dans des costumes bien loin d’être dignes d’un épisode biblique. On aurait accordé au texte d’Oscar Wilde, une diction bien meilleure…Si une mise en scène est porteuse de discussions, l’exigence est de mise quant au respect du texte. Nombreuses ont été les erreurs de diction…Que dire des moyens mis en œuvre pour donner l’illusion d’une mise en scène correcte ? Un « Mikado » n’a jamais donné l’effet d’une arme et la tête du Prophète sur un plateau d’argent aurait mérité un autre subterfuge que celui d’ajouter sur un drap blanc quelques tâches d’un pâle vermillon en guise de sang.
« Comme la princesse Salomé est belle ce soir »
Ici, pas de « roi lubrique et décadent ». En lieu et place d’un désir incestueux, on perçoit le souhait d’un enfant piétinant d’impatience à l’idée d’obtenir une récompense. La vision d’une mère « avide de pouvoir » ne parvient pas non plus jusqu’à nous. L’interprétation donnée à ce personnage provoque un rire loin d’être moqueur, conscient et suscité par la comédienne mais qui semble bien loin de l’univers imaginé par Oscar Wilde.
Sursaut et sensualité tout de même quand Salomé interprète la danse érotique qui enflamme le roi. Une performance que l’on doit à la belle présence de Gwendoline Hénot, une princesse de Judée qui nous réconcilie avec l’idée que dans une mise en scène, l’œil est aussi important que l’oreille (ou inversement). Elle mêle en effet grâce, sens et intonation.
La comédienne passe habilement d’un sentiment à l’autre tout en provoquant l’émoi des sens. Ainsi, elle semble subjuguée par ce prophète aux paroles étranges. Celui-ci la juge pourtant maudite. A « Fille de Babylone, fille de Sodome », la jeune fille répond « physiquement » ; son visage marque une réelle détermination. Et, s’ajoute tout au long du spectacle une fragilité essentielle au destin tragique qui l’attend…
Salomé
De : Oscar Wilde
Par : la Compagnie Théâtre & Cinéma
Mise en scène : Olivier Bruaux
Avec : Gwendoline Hénot, Alain Michel, Anne Coutadier, Olivier Bruaux, Kévin Dagneau, Xavie Fahy, Fabien Zojajghomi, Adrien Di Carlo, Ea Chhay, Amélie Prévot et Orlane Vignault
Costumes : Bédite Poupon-JoyeuxDu 13 mai au 11 juillet 2010
À la Folie Théâtre
6 rue de la Folie Méricourt, 75 011 Paris – Réservations 01 43 55 14 80
www.folietheatre.com