© Avril Dunoyer
ƒƒ article de Hoël
Salem, petit village hors du temps, et coupé du monde. Une nuit, alors qu’un couvre-feu est décrêté par le Maire sous la coupe d’un curé puritain, quatre jeunes femmes sont surprises en train de s’adonner à un rite païen. Soupçonnées de sorcellerie, les quatre accusées s’enferment pendant plusieurs jours, d’espace clos en espace clos, assaillies par les villageois. C’est le début d’un imbroglio social, personnel, politique, et judiciaire. La sincérité et la justice s’effritent au profit de l’instrumentalisation de la vérité.
Librement inspiré des procès en sorcellerie ayant eu lieu à Salem dans le Massachusetts en 1692, Salem propose une relecture de ce terrifiant fait divers, symbole de l’un des cas d’hystérie collective les plus troublants de l’Histoire.
Avec cette réécriture, la Compagnie du Tambour des Limbes explore les questions de l’oppression, notamment féminine, et des conséquences qu’elle peut engendrer quand le pouvoir change de camp. Ces femmes acculées mais aussi transformées en figures effrayantes de sorcières puissantes vont, pour survivre, se transformer en véritables bourreaux, voire en vengeresses.
Dans cette fable aux personnages multiples, la particularité de cette adaptation orchestrée par Rémi Prin est de se concentrer sur le point de vue de ces quatre femmes dans un huis-clos intense, où la parole et les corps participent aussi bien à dévoiler les émotions à l’œuvre à l’intérieur de chacune, que soutenir le suspens des évènements extérieurs secouant le village.
Et effectivement, l’osmose des corps et des voix est ici très travaillée pour faire transparaitre les troubles physiques et psychiques qui impactent les protagonistes de cette histoire étrange. Le charisme des comédiennes autant que le lâcher-prise des corps dans des chorégraphies proches du chamanisme captivent le spectateur et le font entrer dans l’atmosphère ésotérique de la pièce.
L’univers sombre et énigmatique est appuyé par un travail tout particulier sur la lumière d’abord, tout en clair-obscur, mais aussi par une ambiance sonore très cinématographique, grâce à une bande-son qui mêle musique et voix trafiquées. On plonge tout à fait dans ce huis-clos cauchemardesque jusqu’à une scène finale assez déroutante, où on regrettera peut-être un second-degré à la signification quelque peu opaque.
© Avril Dunoyer
Salem, de Rémi Prin
Mise en scène Rémi Prin
Écriture collective Flora Bourne-Chastel, Elise d’Hautefeuille, Naima Maurel, Rémi Prin, Rose Raulin et Louise Robert
Regard extérieur Naima Maurel
Avec Flora Bourne-Chastel, Elise d’Hautefeuille, Rose Raulin et Louise Robert
Scénographie Suzanne Barbaud
Chorégraphies Valérie Marti
Création sonore et musique Léo Grise
Lumières Rémi Prin et Cynthia Lhopitallier
Costumes Adélaïde Baylac-Domengetroy, Milena Forest et Charlotte Seeligmuller
Trucages Pierre Moussey
Chants David Antoniotti, Anna Bozovic, Julie Bulourde, Ingrid Denis-Payet, Marion Salmon, Lola Gutierrez, Mathieu Husson, Katia Grau, Camille Jouannest, Richard Jovial, Laura Lascourrèges, Timothée Loridon, Mélissa Meyer, Hélèna Nondier, Pierre Ophèle-Bonicel, Noé Pflieger, Chloé Rannou, Marie Rasabotsy, Alexi Ridgway et Pascal Ruiz-Midoux.
Du 5 au 28 septembre 2021
Durée 1 h35
A partir de 16 ans
Théâtre de Belleville
16, Passage Piver
75011 Paris
Réservation 01 48 06 72 34
www.theatredebelleville.com
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