© Hélène Harder
ƒƒƒ article de Victoria Fourel
Ce spectacle, entre documentaire et fiction nous emmène dans le hameau de Saint-Félix, en raconte la vie, et en profite pour nous parler de modernité, de désertification rurale, de différence… Un moment de théâtre inattendu et tendre qui parvient à nous parler d’un endroit où il ne se passe rien.
La chose qui crée la connivence de façon assez immédiate, c’est la prise de parole. Elle est fine, simple, frontale, sans ambages. Et à partir de ces comédiens debout face à nous, on nous propose des images de ce village. Bien sûr, cela implique que l’on met un moment à entrer dans une fiction et dans un décalage avec le réel.
Heureusement, on découvre très rapidement, et tout au long de cette heure et quart de spectacle que l’autrice et metteuse en scène a des tas d’idées pour nous parler de Saint-Félix. Le choix de la maquette et des marionnettes, d’abord, nous apporte une valeur évidente. Elles nous ramènent à l’enfance, à ces histoires de vies qui nous sont racontées. Et empêche le théâtre documentaire de prendre le pas sur l’imaginaire.
On apprécie également tous les niveaux de lecture qui nous sont proposés. Comme s’il y avait mille et une façons de raconter un village. On a parfois les questions des citadins, face aux habitants. Parfois seulement les réponses des habitants. D’autres fois encore, on est dans un décor fantasmé, dans une campagne étrange où le bizarre arrive souvent. Ainsi, nous assistons à une mosaïque de portraits, un mélange entre histoires mystérieuses, interviews et balades en forêt. C’est original, c’est agréable, et c’est parfois très surprenant, quand la magie, la peur de l’autre, ou le rejet s’installe.
Saint-Félix, qui en fait s’avère avoir pour sujet la création d’un spectacle, nous raconte un lieu, donc, où il ne se passe rien. Ou bien un lieu où l’on a peur qu’il ne se passe plus rien, un jour. Et ce faisant, il se passe des tas de choses sur le plateau. Vive les petits villages et l’inventivité !
© Hélène Harder
Saint-Félix
Texte et Mise en scène Élise Chatauret
Dramaturgie et collaboration artistique Thomas Pondevie
Création sonore Lucas Lelièvre
Scénographie et costumes Charles Chauvet
Marionnettes Lou Simon
Lumière Marie-Hélène Pinon
Avec Justine Bachelet, Solenn Keravis, Emmanuel Matte et Charles Zévaco
Du 25 septembre au 3 octobre 2020, du mardi au samedi à 20 h 30
Durée 1 h 15
Théâtre des Célestins
4 rue Charles Dullin
69002 LYON
Réservation au 04 72 77 40 00
comment closed