À l'affiche, Critiques // (s)acre, d’après le Sacre du Printemps d’Igor Stravinski, chorégraphie de David Drouard, au Théâtres de Suresnes Jean Vilar, Festival Suresnes Cité Danse

(s)acre, d’après le Sacre du Printemps d’Igor Stravinski, chorégraphie de David Drouard, au Théâtres de Suresnes Jean Vilar, Festival Suresnes Cité Danse

Jan 15, 2018 | Commentaires fermés sur (s)acre, d’après le Sacre du Printemps d’Igor Stravinski, chorégraphie de David Drouard, au Théâtres de Suresnes Jean Vilar, Festival Suresnes Cité Danse

 

© Jean-Louis Fernandez

ƒƒ article de Jean Hostache

Suite à L’après-midi d’un faune, le chorégraphe David Drouard s’empare à nouveau d’une œuvre mythique des ballets russes, ici aussi à l’origine créée par Nijinski : Le sacre du printemps.

Son interprétation au féminin, qu’il intitule (s)acre, engage une vision tout à fait contemporaine et singulière, dont la partition musicale originale est là aussi complètement détournée. En effet, ce qu’il nomme comme « concert chorégraphique » propose un dispositif où la majorité de la musique est produite en live, accompagne les danseuses, et participe à la création d’une musique inédite aux accents punks très savoureux. Interprétée librement de Stravinski, la symphonie orchestrale fait le grand-écart avec nos instruments contemporains électroniques, et nous fait redécouvrir Le Sacre du printemps sous un nouvel angle, où l’on sent toute la révolte du punk se liguer avec la violence inhérente à la musique originelle.

Bien sûr, David Drouard n’échappe pas à la narrativité et au récit que porte en lui ce chef d’œuvre de l’avant-garde moderne. Il s’empare de grandes thématiques qu’il emprunte au ballet d’origine, pour les confronter à notre réalité contemporaine, et voir ce que nous avons encore à en dire. C’est d’abord de l’éveil de la nature dont il s’agit. Ici, dans la scénographie, l’état naturel semble déborder du cadre et de la scène, reconquérir sa juste place, et revenir à l’état sauvage. Tout le bourgeonnement que l’on sent dans la musique de Stravinski, cette cérémonie printanière comme ode à la nature, est ici remplacé par le constat contemporain que l’homme ne lui laisse que peu de place, peu de sacré ou de religiosité, quand on pense aux crises écologiques que nous traversons. La thématique du sacrifice et de l’élu est ici placée sous la figure de la femme. Cette proposition, composée entièrement au féminin, nous dévoile sous certains aspects le paysage d’un sexe sacrifié, d’une bataille à mener. David Drouard n’en fait d’aucune manière des figures fragiles ou victimisée – il n’est pas question de la jeune vierge des rites paganiques slaves du ballet originel – mais de redoutables amazones. Les états et les qualités de corps investis dans toute sa grammaire chorégraphique, fait de cette cérémonie féminine une joyeuse bacchanale, puissante et sauvage. La toute dernière scène qui achève cette proposition, dont nous ne dévoilerons rien pour ne pas gâcher la surprise, va de paire avec cette idée, signe un geste très fort, et donne à l’utopique l’espoir d’une considération ébranlée et en mouvement.

(s)acre

Concert-chorégraphique

Interprétation libre du Sacre du printemps d’Igor Stravinsky

Chorégraphie  David Drouard

Avec  Aude Arago, Julie Coutant, Karima El Amrani, Ingrid Estarque, Delphine Gaud, Lea Helmstädter, Marie Marcon, Coline Siberchicot, Léonore Zurfluh

Musique live  Agathe Max, Emilie Rougier, Simone Aubert
Assistante  Maryann Perrone
Architecte-paysagiste, jardinier  Gilles Clément
Lumières  Eric Soyer assisté de Julien Guenoux
Assistants à la création musicale  Eric Aldéa, Ivan Chiossone
Scénographie  Pierre Henry Marsal
Conseiller à la dramaturgie  Florian Gaité
Costumes  Salvador Mateu Adujar

Le 12 et 13 janvier à 21h, le 14 à 17h

Théâtre de Suresnes Jean Vilar
16, place Stalingrad
92150 Suresnes

Réservations au 01 46 97 98 10

https://www.theatre-suresnes.fr/

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