Paroles d'Auteurs // « Rosmersholm » d’Henrik Ibsen

« Rosmersholm » d’Henrik Ibsen

Jan 05, 2010 | Aucun commentaire sur « Rosmersholm » d’Henrik Ibsen

Lecture de Bruno Deslot

Une tragique machination

Ancien pasteur et propriétaire du manoir de Rosmersholm, Johannes Rosmer est le dernier représentant d’une famille ancienne et respectée. La noyade de son épouse Beate met un terme à ses projets de perpétuer la lignée.

Rosmer fait la connaissance de Rebekka West, qui s’est introduite à Rosmersholm par l’intermédiaire du frère de Beate. Cette jeune femme croit pouvoir aider Rosmer à mettre en œuvre son idée d’un monde « d’hommes nobles et heureux ». Au fil de leurs conversations, la vision que se fait Rosmer de la vie, change, et il s’éprend de Rebekka sans vouloir se l’avouer. Mais Rosmer apprend bientôt que sa femme, Beate, a été manipulée par Rebekka. Comprenant ainsi les raisons de son suicide, il est rongé de doutes et de remords. Les révélations s’enchaînent et croisent les destins des protagonistes de ce drame qui les mènent au suicide, à l’endroit même où Beate s’est noyée.

Lorsque le passé resurgit

Henrik Ibsen (1828-1906) donne pour cadre, à son théâtre du quotidien, un manoir situé dans une petite ville au bord d’un fjord, à l’Ouest de la Norvège. « Rosmersholm » ôte toute forme de doute sur les intentions de l’auteur, elle se clôt par sur un double suicide, fin tragique par excellence. Le personnage ibsénien, comme tous les personnages du tragique quotidien, porte en lui la fatalité même qui le perdra. En ce sens, « Rosmersholm » est un drame de l’impossibilité d’une dramaturgie particulièrement moderne. Ibsen, donne à l’art dramatique, une puissance nouvelle en dotant le drame bourgeois européen d’une gravité dans l’éthique, d’une profondeur psychologique et d’une importance sociale que le théâtre n’avait plus possédées depuis Shakespeare. Son drame, réaliste et moderne, est la continuation de la tradition européenne de la tragédie. La dimension psychologique de ses pièces, notamment celle-ci, lui vaut le surnom « le Freud du théâtre » et à juste titre puisque Freud a vu en Rebekka, la victime tragique du complexe d’Œdipe et d’un passé incestueux. Lecteur assidu, Ibsen fait preuve d’une habileté architecturale dans l’édification de ses drames intimes. Le dramaturge a puisé au vivier français des principes dramatiques qui tiennent tout ensemble de la rigueur et de la mécanique. La traduction de « Rosmersholm » que propose Eloi Recoing, en restitue toute la subtilité avec un souci de se situer toujours au plus proche du texte.

Représenté du 14 novembre 2009 au 16 janvier 2010 au Théâtre de la Colline dans une mise en scène de Stéphane Braunschweig, « Rosmersholm » sera repris du 3 au 7 février 2010 au Théâtre National de Bretagne-Rennes.

Rosmersholm
D’Henrik Ibsen
Traduit par Eloi Recoing

Actes Sud
18 rue Séguier, 75006 Paris

www.actes-sud.fr

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