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Romances inciertos, conception, mise en scène et direction musicale de Nino Laisné, conception et chorégraphie François Chaignaud, au 104 / Festival Séquence Danse

Avr 12, 2022 | Commentaires fermés sur Romances inciertos, conception, mise en scène et direction musicale de Nino Laisné, conception et chorégraphie François Chaignaud, au 104 / Festival Séquence Danse

© Nino Laisné

 

 

ƒƒƒ article de Denis Sanglard

On le sait, François Chaignaud, artiste protéiforme, jamais vraiment là où on l’attend, par la danse ne cesse d’interroger le genre, l’identité. La danse étant le lieu propre à la métamorphose, au trouble, à la provocation, ce danseur-performer d’exception, y trouve là un terrain fertile. François Chaignaud explore la danse en ethnologue, une danse qu’il ne cesse de déborder, revisitant les répertoires et les styles comme un lieu d’expérimentation plus que de restitution.

Là, autour de la figure d’Orlando, personnage de Virginia Woolf dont il est fait référence, traversant les siècles et les genres, François Chaignaud et Nino Laisné, le directeur musical, ont conçu un spectacle contemporain hybride autour de trois personnages traditionnels androgynes issus du répertoire baroque espagnol. Car il s’agit bien ici d’hybridation, d’esprit plus que de lettre. Le répertoire musical allant du XVIème au XXIème siècle. Trois actes, trois styles, trois personnages, trois destins, pour un étrange et formidable opéra-ballet pour un unique interprète. La Doncella guerrera, San-Miguel, et la Tarara. La demoiselle guerrière, femme travestie en homme pour une vocation militaire se refusant à épouser un prince et se noyant de ne pas vouloir se dénuder devant les autres soldats. San-Miguel dans un extrait d’une zarzuela baroque de José de Nebra (1702-1768) dont la particularité de ce compositeur était de confier les rôles de solistes à des femmes, voix de sopranes. Mais également le poème de Lorca teinté d’un fort homoérotisme. Et la Tarare, gitane androgyne, certains disent inter-sexe, démente et marginalisée. Trois personnages déterminés à vivre selon leur désir et leur identité choisie. Et pour chaque figure dansée et chantée par François Chaignaud, un style musical propre, jota, boléro et flamenco. Auquel il adjoint marches de semaines saintes, chansons traditionnelles séfarades, sonates et rondeaux, coplas, chansons populaires et savantes… comme autant de paysages sonores teintés de fortes émotions érotiques et religieuses, les deux allant de pair, qui semble traverser et mettre en branle ce corps dans ses métamorphoses, jusqu’à la transe et l’épuisement.

Au centre du plateau, pieds nus, en chausson de danse pour des pointes assassines qui le cloue au sol, sur échasses pour une ronde qui menace son équilibre, ou en très haut-talons pour une frappe rageuse flamenca, d’une voix de haute-contre ou de baryton basse, entourés de quatre musiciens sur instruments anciens, François Chaignaud incarne, et le mot est bien faible devant cette performance saisissante, cet Orlando « baroque » espagnol de façon vertigineuse. Et c’est bien de vertige que nous sommes pris, voire happés devant cette création fortement singulière ou François Chaignaud tournoie, emporté dans son mouvement giratoire jusqu’au déséquilibre, martèle le sol en sa folie, chante l’amour et la douleur. Et c’est ce mouvement centripète et son appropriation, en ce sens qu’il le ramène toujours au centre de son questionnement sur le genre, qui est la source même de sa métamorphose.

 

 

Romances inciertos, conception, mise en scène et direction musicale Nino Laisné

Conception et chorégraphie, danse et chant : François Chaignaud

Bandonéon : Jean-Baptiste Henry

Violes de gambe : François Joubert-Caillet

Théorbe et guitare baroque : Daniel Zapico

Percussions historiques et traditionnelles : Pere Olivè

Création lumière et régie générale : Anthony Merlaud, Léo Fauche

Régisseur son : Charles-Alexandre Englebert

Création costumes : Carmen Anaya, Kevin Augé, Séverine Besson, Maria Angel Buesa Pueyo, Caroline Dumoutiers, Pedro Garcia, Carmen Granell, Manuel Guzman, Isabel Lopez, Maria Martinez, Tania Morillo Fernadez, Héléna Petit, Elena Santiago

Chef peintre : Fanny Gaudreau

Retouches images : Rémy Moulin, Marie B. Schneider

 

 

Du 9 au 14 avril 2022 à 19 h 30

Sauf dimanche 18 h

 

Le Cent-Quatre

5 rue Curial

75019 Paris

Réservation 01 53 35 50 00

www.104.fr

 

 

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