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Richard II, de William Shakespeare, mise en scène de Guillaume Séverac-Schmitz, à la Maison des Arts de Créteil

Fév 09, 2018 | Commentaires fermés sur Richard II, de William Shakespeare, mise en scène de Guillaume Séverac-Schmitz, à la Maison des Arts de Créteil

fff article de Florent Mirandole

© Gabriel Cuartero

Les premières scènes de Richard II laissent apparaître un monarque intoxiqué par le pouvoir. Rien de bien original chez Shakespeare, dont les pièces prennent souvent comme thèmes principaux des têtes couronnées animées par la seule rage de gouverner. L’originalité de cette pièce, c’est de mettre en scène un personnage qui va se désintoxiquer du pouvoir.

Elevé très vite au rang de roi sans pitié dans les premières minutes de la pièce quand il fait sauvagement assassiner son oncle, Richard II semble prêt à tout pour assoir son règne. D’ailleurs, un nouveau péril plane très vite sur lui, son cousin Bolingbroke menace de le renverser. C’est là que les attentes du spectateur son contrariées. Richard II ne va pas le combattre, peut être par faute de combattants, et va aller jusqu’à lui donner les clefs du pays, pratiquement sans coup férir. Bolingbroke, lui, parcourra le chemin inverse. Décidé à l’origine à s’en prendre à Richard II afin de réparer une injustice, il cédera ensuite aux volutes du pouvoir en recourant au meurtre froid et cruel.

Montée par le collectif Eudaimonia, la pièce épouse parfaitement toute l’étrangeté du thème. C’est un Richard II débonnaire, cynique et insaisissable qui occupe le devant de la scène dans la première partie avant de tomber dans la dépression et le désespoir. Cette évolution psychologique est bien incarnée par Thibault Perrenoud, qui effectue ce jeu de bascule avec finesse, bien épaulé également par un sautillant Duc d’Aumerle, jouée avec justesse par le jeune Gonzague Van Bervesseles.

L’intelligence du metteur en scène est surtout de dévoiler avec subtilité l’arrière-plan de la pièce. Derrière les oripeaux du pouvoir et les conquêtes sanguinaires, la pièce Richard II laisse apparaître les divisions plus intimes qui divisaient alors le pays. Religion, famille, patrie, autant de thèmes qui percent derrière la lecture purement politique de cette tragédie. Les longues suppliques de Richard II à partir de la deuxième partie sont d’ailleurs plus touchantes, plus personnelles. L’abandon de la couronne n’est pas seulement une défaite. C’est peut être aussi une dernière tentative d’apaisement d’un pays déchiré.

Richard II de Shakespeare
Conception : Guillaume Séverac-Schmitz
Traduction, adaptation, dramaturgie : Clément Camar-Mercier
Scénographie : Emmanuel Clolus
Avec : Jean Alibert, François de Brauer, Pierre Stefan Montagnier, Thibault Perrenoud, Nicolas Pirson, Anne-Laure Tondu et Gonzague Van Bervesseles
Création lumière : Pascale Bongiovanni
Création costume : Emmanuelle Thomas
Création sonore : Yann France et Guillaume Séverac-Schmitz
Régisseur général et son : Yann France
Régisseurs lumières : Pascale Bongiovanni ou Samuel Dosière
Construction de la scénographie : Les Ateliers du Grand T-Théâtre de Loire Atlantique
Construction des accessoires : L’Atelier du TDA-Scène nationale de Perpignan
Chargée de production : Mathilde Ahmed
Production/administration/diffusion : EPOC-Productions/Emmanuelle Ossena et Charlotte Pesle-Beal
Production déléguée : Le collectif Eudaimonia
En coproduction avec : le Théâtre de l’Archipel-scène nationale de Perpignan, Les Théâtres Aix-Marseille Gymnase-Bernardines, Le Cratère-scène nationale d’Alès, le Théâtre Montansier de Versailles.

du 6 au 10 février 2018 à 20h30

MAC- Maison des Arts de Créteil
Place salvador Allende
94000 Créteil
Réservations 01 45 13 19 19
www.maccreteil.com

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