© Adrien Selbert
ƒ article de Nicolas Brizault
Deux couples, un peu seventies en plein 2020, ont des enfants, deux garçons. Le papa d’un des deux meurt, et la maman va rejoindre avec son bébé ses deux amis. Paf ! un coup de lumières et le temps passe vite, il ne va cesser de le faire, le temps, de passer vite, sur scène uniquement, dans la salle c’est autre chose. Donc cinq personnes vivent ensemble, ils sont heureux et coupés de tout, sauf des faisans et autres bestioles, on s’amuse, on chante, on se promène, mais pas trop loin parce que la planète Terre se casse de plus en plus la figure. Autour seulement ou presque, il fait chaud, de plus en plus. Et ici où là nous avons la visite, en image sur un écran géant, du papa mort qui se la coule douce à la campagne lui, qui nous explique que la mort est difficile un fragment de seconde et tout est parfait ensuite, on monte à cheval dans une jolie propriété, bien sûr de soi, et on essaie de prouver à quel point on est le meilleur en tout, parce qu’on est mort et que du coup on monte à cheval dans une jolie propriété, etc., etc. Ah, oui, et le diable est passé quand les gamins étaient de tout petits bébés et a mis une vilaine écharde dans le pied de celui qui aura ensuite, devenu grand, bien du mal à vivre comme les autres.
On pourrait s’attendre à beaucoup de choses mais non. Rien n’est développé, le vilain diable reste en coulisse. Le mauvais jeu est-il censé nous faire rire ou bien nous tromper, nous entraîner dans un monde étrange ? Absolument pas, il n’est pas voulu, il est juste là, bien installé, et rebondit, non-stop. Le reste stagne, évidemment un petit coup de lumière stroboscopique, parce que sinon on ne se croirait pas en plein théâtre contemporain, les années font comme si elles passaient, on ajoute une histoire ou deux, un brin de sexe complexe, sinon nous serions perdus. Et on a devant nous une troupe qui semble s’amuser, être heureuse sous les applaudissements bien aimables de la fin. C’est tout. Un ennui rebondissant. Rest and watch, ennui, ennui, ennui ! Le fantôme réapparaît, avec le son pas très en verve avec les images, les jolies lèvres remuent, balbutient abandonnées par la voix qui rebondit, en retard, courant après n’importe quoi. Les deux faux-vrais frères grandissent, se tapent dessus, les parents vieillissent, simplement, ligotés dans la même vie aussi plate que leur jeu. Des histoires de fausses fesses, comme quoi… Rien ne naît, rien ne meurt, sauf les parents, les uns après les autres, mais c’est normal. On ne sort pas grincheux de ce spectacle, mais plutôt amusés devant cette concentration de mauvais, qui tient en deux heures de trop.
© Adrien Selbert
Rest and watch, texte et mise scène de Jean Bechetoille
Avec Thomas Bleton, Jacinthe Cappello, Guarani Feitosa, Philippe Le Gall, Hélène Marchand
Musique : Guillaume Bosson
Scénographie : Caroline Frachet
Vidéo : Adrien Selbert
Lumières : Vera Martins
Son : Antoine Herniotte
Costumes : Léa Forest
Du 10 au 27 mars 2022
Du mardi au samedi à 20 h 30, le dimanche à 16 h 30
Salle Copi
Durée : 2 h
La Tempête
Cartoucherie
Route du champ de manœuvre
75012 Paris
T : 01 43 28 36 36
www.la-tempete.fr
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