© Les filles du Renard Pâle
ƒƒ article de Hoël
Alors que le monde de la Culture commence sérieusement à trouver le temps long, nous, chanceux professionnels, sommes invités à prendre de la hauteur avec la Funambule qui nous présente Respire, un solo de funambule accompagné d’un orchestre live.
Après une résidence au Centre des Arts de la Rue et de l’Espace Public de Rouen, il est temps pour la Compagnie des Filles du Renard Pâle de dévoiler Respire, ce deuxième opus d’un Triptyque déployé dans les airs. Nous arrivons donc devant des bâtiments imposants : d’anciens hangars de briques rouges, où se mêlent stockages de décors, bureaux administratifs, lieux de répétition, bar et autres recoins intrigants.
Un régisseur-loup nous accueille tout de noir vêtu, sa gueule en papier mâché nous fait prendre place dans le hangar principal. Au-dessus de nous un fil tendu à 6 mètres de long. Nous apprendrons plus tard que cette hauteur est particulièrement minimale par rapport aux 30-40 mètres habituels ! En regardant tout autour, et en l’air, on aperçoit à un bout du fil un brin de femme, pelotonnée de pied en cape dans un tissu doré.
Soudain, les notes du trio s’élèvent jusqu’à elle, et le spectacle peut commencer. Johanne Humblet nous embarque avec souplesse et délicatesse dans son monde vertigineux. À n’en pas douter, son costume évoque le Petit Chaperon Rouge, marchant au-dessus de la fosse au loup, qui la suit du regard aussi intensément que les spectateurs, les yeux grands-ouverts.
Mais si ce Chaperon peut nous renvoyer à un monde enfantin, nous nous retrouvons vite embarqués dans un univers bien plus punk-rock. Au fur et à mesure qu’elle se dévêt de sa cape et envoie valdinguer sa jupe que le loup s’empresse de rattraper au vol, se dévoile une femme aussi libre sur un fil que nous le serions sur une piste de danse. Une énergie toute en concentration émane de notre funambule ; elle oscille entre précision des mouvements et lâcher-prise impressionnant, portée par les morceaux électrisants d’un l’orchestre complice, vêtu de paillettes et de cuir.
Vous l’aurez donc compris, avec Respire, nous sommes assez loin du traditionnel numéro de funambule. À plusieurs moments, Johanne Humblet se retrouve aux prises avec des agrès inventés spécialement pour le spectacle par la compagnie. Sans oublier la sonorisation du fil, qui donne matière à un jeu entre la virtuosité de Johanne et le trio et qui ajoute à l’originalité de la création.
Avec Respire, les Filles du Renard Pâle nous proposent donc une véritable dramaturgie, où chacun pourra se raconter sa propre histoire. La forêt de notre Petit Chaperon rouge sera transformée pour 40 minutes en fil de funambule. Entre peurs, curiosité, désir d’émancipation et liberté, notre artiste parviendra-t-elle à traverser ? En tout cas, elle nous aura fait rêver !
© Les filles du Renard Pâle
Respire, Les filles du Renard Pâle
Funambule : Johanne Humblet
Musique : Deadwood, Johann Candoré, Djeyla Roz, Petit Petit
Coordinateur technique : Nicolas Lourdelle
Techniciens cordistes : Nicolas Lourdelle, Yvan Bringard, Remy Legeay, Géraldine Rieux, Shaan Sauzéat, Arthur Ehret, Arnold Gautheron, Matthieu Duval, Pascal Voinet, Béatrice Contreras, Steve Duprez, Denis Russier
Ingénierie rigging : Cie Gratte-Ciel
Création lumière : David Baudenon, Sylvain Chevallot
Régie son : Mathieu Ryo, Johan Caballé
Logistique : Romane Vanderstichele
Atelier 231 – Centre national des arts de la rue et de l’espace public
171, rue Vincent Auriol,
76300 Sotteville-lès-Rouen
T+ 02 35 62 60 70
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