Entretiens // Rencontre avec Pauline Bureau metteuse en scène de « Modèles » en ce moment au Théâtre du Rond Point

Rencontre avec Pauline Bureau metteuse en scène de « Modèles » en ce moment au Théâtre du Rond Point

Oct 25, 2012 | Aucun commentaire sur Rencontre avec Pauline Bureau metteuse en scène de « Modèles » en ce moment au Théâtre du Rond Point

Interview de Bruno Deslot

©DR

Des petites filles modèles de notre enfance aux top-models des magazines, comment se construit intimement une féminité ?

Avec cinq artistes (comédiennes et musiciennes) de sa génération, petites filles dans les années 80, jeunes filles dans les années 90, trentenaires au XXIe siècle, Pauline Bureau s’interroge sur la construction de l’identité sexuelle. Kaléïdoscope de textes, de témoignages, d’interviews, de chansons et d’images, le spectacle est la représentation de leur réflexion. Cinq femmes sur un plateau, des instruments de musique, des écrans de projection mobiles: un dispositif en mouvement à l’image de leur questionnement.« On ne naît pas femme on le devient » a dit Simone de Beauvoir. De quelle manière ? Demande Pauline Bureau.

Un fauteuil pour l’orchestre : Le titre « Modèles » au pluriel. Pourquoi avez-vous choisi ce titre ?

Pauline Bureau : C’était un mot qui était à la frontière de beaucoup de choses dont on voulait parler, à la fois petite fille modèle, top-model, tous les modèles que l’on rencontre dans la vie et dont on a conscience ou pas. Il faut réussir à s’en détacher pour être soi.

Un fauteuil pour l’orchestre : L’écriture du spectacle est collective. Pouvez-vous me parler de sa construction ?

P.B : Les cinq comédiennes, la dramaturge, la scénographe et la costumière ont participé à l’écriture du spectacle. Nous sommes parties des lectures des auteurs comme Bourdieu, Duras, Despentes, Woolf…car ces auteurs nous ont fait parler, nous questionner et après nous ont permis de raconter nos histoires personnelles. En dehors de ces auteurs, chacune d’entre nous avait beaucoup lu sur le thème des femmes.

Un fauteuil pour l’orchestre : Lorsque les cinq comédiennes se racontent sur scène, elles partent de l’enfance pour aller jusqu’à l’âge adulte. Pourquoi avoir respecté cette chronologie ?

P.B : Nous avons essayé beaucoup de choses et c’est un spectacle dont on ne savait absolument pas ce à quoi il allait ressembler. En fait, dès lors que nous avons eu tous les fragments du spectacle, on s’est dit que la manière la plus juste de le construire c’est en observant un ordre chronologique.

Un fauteuil pour l’orchestre : En écoutant les confessions des 5 comédiennes sur scène, on prend conscience que l’homme est omniprésent et pourtant il n’y en a pas, mis à part Vincent Hulot le musicien ! Une présence masculine dans le spectacle serait-elle justifiée ?

P.B : La question ne s’est jamais posée car dès le départ j’ai ressenti que ce spectacle est un spectacle de femmes, fait par des femmes et puis ce n’est pas mixte comme distribution et c’est bien de le mentionner, pour une fois.

Un fauteuil pour l’orchestre : Selon vous y a-t-il une différence entre le fait d’être une femme et celui d’être féminine ?

P.B : Il y a une phrase de Françoise Giroud que j’adore qui dit « la féminité n’est pas une chose que l’on perd comme un sac à main ». Je crois que c’est vrai ! Je ne sais pas trop ce que cela veut dire être féminine ! Je crois que c’est avant tout chacun sa manière d’être une femme !

Un fauteuil pour l’orchestre : A la fin du spectacle, l’une des comédiennes dit qu’aujourd’hui elle peut affirmer qu’elle est féministe. « Modèles » est-il un spectacle résolument féministe ?

P.B : Je crois que le féminisme c’est avant tout d’arriver à l’égalité entre l’homme et la femme. C’est vrai qu’au départ lorsque l’on me posait la question « Tu es féministe ? » je répondais par la négative et avec surprise ! L’image du féminisme souffre d’une représentation péjorative dans la société. On entend toujours dire que le féminisme c’est très violent, castrateur etc…alors que non, ce serait tout simplement bien qu’il puisse y avoir de la place pour tout le monde. Dès qu’une femme ouvre sa bouche elle est ridiculisée et Despentes en parle très bien lorsqu’elle dit « dès lors que la femme sort de sa cage, elle est folle ». La question qui nous est le plus posée au sujet du spectacle c’est « Mais il n’y pas d’hommes dans votre distribution ? ». A l’inverse, dans un spectacle où il n’y aura que des hommes, jamais on posera une question semblable !

Modèles
Théâtre du Rond-Point
2 bis, avenue Franklin D. Roosevelt
75008 Paris
Franklin D. Roosevelt
ou Champs-Élysées Clemenceau

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