Rencontre de Camille Hazard –
Valia Boulay fait « Banqueroute » au Théâtre du Nord Ouest
Pour la première fois en France, « Banqueroute », pièce écrite en 1985 par Jean-François Charlier se joue du 1er mai au 26 juin 2011 au Théâtre du Nord Ouest.
Curieux d’en savoir un peu plus sur ce texte incisif et brûlant, sur son auteur, nous avons rencontré la metteur en scène de ce spectacle Valia Boulay qui nous livre son amour pour cette œuvre et nous fait découvrir toute une partie de son travail de metteuse en scène.
“ Un fatras de mots pour célébrer le vide acide d’une famille.
Souvenirs, désirs, rêves, ambitions, regrets, remords…autant d’exaltations passées ou futures qui se déversent le soir d’un 24 décembre à minuit pile : le temps n’est plus, un présent éternel se fige et grince. Le Havre, le loft en liquidation, la soirée s’effacent peu à peu, laissant place à une atmosphère dantesque.
Chacun se tient dangereusement en équilibre sur le contour des limbes…
Banqueroute, ça parle de quoi au juste ?
A part de banqueroute ?
De fric ? De Sexe ? D’amour ?
De la bourgeoisie industrielle ? De la misère prolétarienne ?
De l’Europe ? De la globalisation ? De la mondialisation ?
De la montée du fascisme ? Du fascisme ? Des camps de concentration ? De l’extermination ?
De tout ça et aussi du viol des adolescentes
Et de la lumière des phares sur le front de mer
Et de tendresse
Et du manque absolu de la mère.
Fulgurance d’une œuvre de jeunesse
Tout fout le camp dans tous les sens
Tout est miroir, miroir grossissant, miroir déformant
Tout est labyrinthe
Tout est Kaléidoscope. ”
Valia Boulay
Quelques notes de l’auteur…
“ Lorsque j’ai écrit Banqueroute, en 1985, j’étais plutôt pessimiste. Je n’étais pas réellement révolté, j’avais seulement l’absolue certitude que nous allions, le monde et moi, à fond de train, dans une direction coupable. Mais en même temps, j’étais jeune, et la vie m’amusait énormément.
Ce chemin meurtrier était plein de fleurs. Il y avait beaucoup de choses que je croisais pour la première fois, beaucoup d’idées et de sentiments avec lesquels je faisais connaissance avec délectation.
Ainsi, les paysages mornes des zones industrielles me semblaient, autour des grandes villes, plus fascinants et inconnus que les portes des Enfers.
Tout ceci faisait que j’étais à la fois très grave et très insouciant.
Pour tout dire, banqueroute est née de cet état de confusion : Je me suis empressé de mettre des mots sur toutes ces sensations neuves, alarmantes et drôles de la jeunesse. ”
Jean-François Charlier
Banqueroute
De Jean-François Charlier, mis en scène par Valia Boulay au Théâtre du Nord Ouest du 1er mai au 26 juin 2011.