© Marc Domage
ƒƒ article de Nicolas Brizault
Des hommes en noir font des cartons, les défont jouent et rejouent avec. Droits, des angles qui s’allongent, vont atteindre un point qui va tout changer, normalement. Musique et voix anguleuses ou pointues, fond sonore en fait, musique. Lenteur, rythme. Cadence et scène nue, scène du théâtre des Abbesses, rien d’autres, ou presque, que les deux « danseurs », le scotch et les cartons, danse poussière. on attend, on est pris dans ce rythme, dans cette certitude, les cartons vont se casser la figure, et là, et là… Là rien, on les posent autrement, les uns sur les autres, toujours rectitude, dans une énergie contenue, l’envie de fuir n’est pas encore là, on suit cette construction avec un intérêt douloureux, lent et construit, donc douloureux puisque nous n’avons pas l’habitude. On est perdus, « ils avaient dit danse… » et l’on est presque au théâtre, pas encore complètement, mais enfin, où sommes nous ? Les questions se pressent et se bousculent. Deviennent presque pénibles et nous laissent cloués au sol, par moyen de grimper un peu, quoique. On ne sait pas, on suit, on attend. Encore. On prévoit, prédit. Tension, invention, étranglement. Puis écroulements, les cartons sont levés en lignes complètes et longues, tout va changer, nous grimpons aussi donc, nous nous relâchons, reprise, nous allons comprendre où se trouve ce « Refuge ». Nous participons en somme, nous offrons notre énergie de lassitude. Ce sont les cartons qui dansent. Les deux hommes, Raphaël Dupin et Vincent Dupont, sont des rouages, des faux rien du tout qui nous disséminent, comme ils font avec les cartons. Du concentré de talent 100%, mélange doué de théâtre et de danse que Vincent Dupont sait monter. Nous y entrons où pas ? Comment faire, la porte, où est-elle ? Comment cesser de réfléchir deux minutes, de se laisser… porter ? Puis l’explosion lente et presque finale, la bataille écrasante contre ces cartons, saccadé saccage ponctué de cet éclairage épileptique, sursautant et qui ruine tout, si souvent revu, ça pète donc on fout des éclairs à tout berzingue, ça va faire effet. Non. Encore quelques sursauts, deux échanges quasi amoureux entre les magasiniers cartonifères, puis la vie enfin. Des applaudissements hasardeux. Heureux de sortir, nous. Les applaudissements aussi sans doute. Envie de prendre l’air, de fuir. Envie de les applaudir tous les deux plus tard, chez soi, au calme. Jusqu’à ce que les voisins sonnent pour tapage nocturne.
© K Rizos
Refuge, conception et chorégraphie de Vincent Dupont
Compagnie J’y pense souvent (…)
Avec Raphaël Dupin et Vincent Dupont
Son Maxime Fabre, Raphaëlle Latini
Lumières Yves Godin
Travail de la voix Valérie Joly
Conseil dramaturgique Mathieu Bouvier
Collaboration artistique Myriam Lebreton
Du 8 au 11 janvier 2019 à 20h00
Durée 50 minutes
Théâtre de la Ville – Théâtre des Abbesses
31 rue des Abbesses
75018 Paris
Réservation :
www.theatredelaville-paris.com
Métro : Ligne 12 station Abbesses ; Ligne 2 ou ligne 12 station Pigalle
Bus 30, 54, 67 : Arrêt Montmartobus
Vélib : Station Place des Abbesses
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