© Alexandre Morel – Jeanne Quattropani

ƒƒƒ article de Nicolas Brizault

Quitter la Terre. Quelle belle idée… Joëlle Fontannaz et Joël Maillard, ou Joëlle et Joël, nous expliquent au tout début d’un colloque étrange, comment des humains ont été « mis de côté » dans des capsules spatiales, les coupant pendant plusieurs générations des folies de la Terre, qui pendant ce temps-là voit peu à peu les humains restant, ne pouvant plus se reproduire, disparaître.

Ces capsules sont si spéciales en plus d’être spatiales que toutes leurs qualités nous sont décrites grâce à des petits carnets noirs, trouvés dans une caisse en carton, au fond d’une cave, et remplies de milliers de surprises.

Très vite, Joëlle et Joël ne sont plus de savants manipulateurs de colloque mais des êtres humains, parmi ceux pas trop bêtes, pas trop méchants et certes un peu perdus parfois, qui, sans le savoir, sauveront l’humanité. Et là, tout nous est expliqué, démontré, raconté, prouvé même et l’on plonge très vite dans cette folie pure. Des rires fusent ici ou là, oui, Quitter la Terre est assez drôle, mais surtout ces deux personnages font naître peu à peu un sentiment étrange de tendresse, nous n’y sommes plus habitués sur Terre, c’est vrai… Au tout début, on peut rester dubitatif face à des répétitions dont on a peur de se lasser, des petites lenteurs ici ou là. Et puis on part, on décolle, nous aussi on flotte dans la station, rejoignant les « cru-végétaliens » qui y refont le monde. La question est forte, le sujet pourrait donner naissance à un jeu lourd et mal puissant. Non, on se laisse perdre en suivant ce thème si bien soutenu par Joëlle et Joël. On comprend tout et rien et on en est de plus en plus heureux. Le temps n’existe plus, la mort est toujours là, elle, mécanique et très peu douloureuse, juste normale. Oui la normalité sauve le monde, c’est un peu ce que l’on apprend ici.  Cela pourrait faire mal de le dire, être dangereux pourquoi pas, mais elle apparaît dans toute sa simplicité, si proche de la nature qui a toujours envie de faire l’amour, même de façon un peu surprenante, et tant mieux même !

Quitter la Terre. Pour y apprendre l’échange, pour ne plus savoir détruire, pour tenter de comprendre comment, pourquoi juger… Les questions se multiplient, volètent et fleurissent en de très belles réponses. Les points d’interrogations qui restent sont des pas en avant, de l’incroyable en somme. Joëlle et Joël nous entraînent, nous perdent, tout n’est plus que vague souvenir. Vraiment. Joëlle Fontannaz et Joël Maillard sont-ils vrais pour de vrai ? Difficile de répondre. Les jeux de lumières, les dessins multipliés sur fond d’écran, toutes ces sonorités vagues qui rebondissent en écho, cette poésie scientifico-amusante nous séduit grandement en tout cas, et Quitter la Terre, pour le résultat proposé, avec plaisir !

Quitter la terre

Texte et mise en scène  Joël Maillard

Conception et jeu  Joëlle Fontannaz et Joël Maillard
Lumière  Dominique Dardant
Musique  Louis Jucker
Son  Jérémie Conne
Conseils costumes  Tania d’Ambrogio
Production  Jeanne Quattropani
Diffusion  Delphine Prouteau
Coproduction  Arsenic, Lausanne / Fédération d’Associations de Théâtre Populaire (FATP)
Soutiens  Ville de Lausanne, Loterie Romande, Canton de Vaud, Pour-cent culturel Migros, Fondation Suisse des Artistes Interprètes

Durée 1h30 environ

Centre culturel suisse
32-38, rue des Francs-Bourgeois
75003 Paris
+33 (0)1 42 71 44 50

www.ccsparis.com

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