© Frédéric Iovino
ƒƒƒ article de Nicolas Brizault
Soirée comment dire… lointaine et proche, si forte, dont on ressort chargés d’un je ne sais quoi, d’une poésie, celle écrite par Attila József avec Le septième, celle offerte par Prologue puis par The Seventh man, chorégraphies de Carolyn Carlson, la première qu’elle nous présente elle-même, la seconde … par le danseur Riccardo Meneghini, un de ses « suiveurs ». Les premières minutes donc, on redécouvre ou découvre, pourquoi pas, le travail de Carolyn Carlson, le corps qui raconte, entraîne, nous fait suivre. Et nous cédons, oui, oui, quasi immédiatement, aux gestes, à ces mains vers le haut, le bas, tout d’un coup nous comprenons qu’ils existent justement ces haut et ces bas, grâce à ce travail fulgurant, sobre et oui, somptueux de Carolyn Carlson. La porte nous est ouverte, nous suivrons avec plaisir, sans doute aucun, nous sommes prêts à accueillir, Riccardo Meneghini.
« C’est sous la tombe du monde que tu te démènes !
À toi d’être le septième ! »
Oui, Le septième d’Attila József nous surprend aussi, quand on s’empresse de le lire en sortant de chez Carolyn Carlson, de l’Atelier de Paris. Un poème court douleurs, doutes, inverse ici ou là, en cherchant bien, sept hommes, sept moments, sept personnalités, sept tout simplement et l’on recommence, comment savoir, à chacun de voir, de trouver. En tout cas Riccardo Meneghini, seul entre deux chaises, presque trois, la dernière suspendue, quasi invisible, inexistante, terrifiante ou non, Riccardo Meneghini donc, saisi et met en marche les sept. Sept chemises, qu’il porte, enlève, trouve, transporte ou entasse. Il cherche, ausculte presque, doute. Il tente de s’éloigner, on ne sait pas s’il y parvient. Et nous, juste en face, on est en pleine magie, ces bras, ces mains, une légèreté qui sait tout dire et son inverse. On se soulève du sol nous aussi, on compte, un, deux, trois… On ne regarde pas, on fait partie. Riccardo Meneghini nous enlève, le travail de Carolyn Carlson, ce 12 septembre, nous est évident. Les chemises tombent, s’entassent, attendent sur les dossiers des deux chaises. Un torse nu, plus ou moins couvert ensuite, les moments, les heures, le temps. Jusqu’au septième, ce fameux septième qui arrivera avant de plonger dans le noir.
The Seventh man, un cours de philo visuel, sensuel ? Des moments fabuleux où, n’étant pas danseur on se dit, face à une facilité apparente, « mais comment… » On n’ose pas continuer, de peur de passer pour un petit joueur. La simplicité n’est plus qu’une image, une impression. Tel mouvement ne frôle pas l’extraordinaire, il l’a de loin dépassé, il revient, et encore, spasme comme chanté et pourtant porté, offert, de haut en bas un corps, simplement, voulait nous dire qu’il allait être le septième, alors regarde, voit. Et ici ou là, on peut faire dire ce qu’on veut à ce corps, en face. Il offre. On ajoute nos images, nos idées, et nous sommes présents sept fois de plus.
Et aussi, comment ne pas parler de la musique live de Guillaume Perret ? Oui, un homme et un saxophone, le même homme et des instruments invisibles, des « sons », des « voix », naissent et accompagnent, semblent être nés sous la même liberté fascinante et légère que les « mouvements. » C’est subjugué que l’on ressort de cette soirée, prêts à vouloir aller se perdre dans les bois, pour voir. Prologue et The Seventh man, du beau, du bien, du fou et du fort. Une femme, un homme, des sons. Tout simplement des « moments », qui restent, se développent, et c’est tant mieux.
Prologue, chorégraphie et interprétation Carolyn Carlson
Musique live Guillaume Perret
Lumières Guillaume Bonneau
The Seventh man, chorégraphie Carolyn Carlson
Interprétation Riccardo Meneghini
Musique live Guillaume Perret
Lumières Guillaume Bonneau
Théâtre de l’Aquarium
Samedi 12 septembre 2020
Atelier de Paris/CDCN Cartoucherie Paris 12e
https://www.atelierdeparis.org/
T+ 01 417 417 07
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