© Kévin Lebrun
article de Nicolas Brizault
Oui, un très bon sujet, la transsexualité, ses doutes, ses peurs, ses dangers, tout ce qu’on ignore très souvent. Ce texte de Laurène Marx est une commande du collectif Lyncéus « C’était mieux après ». Il a reçu le prix ARTCENA pour l’aide à la création en novembre 2020. Pour un temps sois peu est un texte-combat, une autobiographie sauvage et douloureuse de Laurène Marx révélant doutes, terreurs, incertitudes. Tout autant qu’abandons, incompréhensions, attaques. Un système médical apparemment froid et autocentré, au compte en banque autocentré plutôt. Sujet qui interpelle bien sûr, on souhaite écouter, voir, comprendre. Mais le mystère reste entier, la magie même : on pense être resté trois heures devant un spectacle qui ne dure qu’une heure et quarante très étendues minutes.
Une seule envie s’échappe de cette douloureuse soirée, mise en scène par Lena Paugam : celle de lire le livre de Laurène Marx. L’intérêt n’y sera peut-être pas anéanti par l’absence de mise en scène, accolée à un jeu plus que douteux. Du rien sur du rien en boucle. Comme si les vagues allant et venant dans Pour un temps sois peu avaient dû être présentées d’une seule et même façon. Du vite, des cris et les yeux noirs, avec une touche de rouge à lèvres à un moment donné. Une hystérie redondante et sans recherche. Les dix premières minutes touchent et attrapent, une puissance semble naître tout près de ce petit canal de l’Ourcq, dix minutes frappant un reste de sensations caniculaires à l’arrière du Théâtre du Fil de l’eau. La transsexualité se raconte et ce ton surpuissant fonctionne bien, les spectateurs se prenant en pleine face les premiers « Et toi ? ». Sauf que la mise en scène ne change pas d’un brin, même si de temps en temps on tartine de grands mots au sol ou sur les murs. Messages à l’eau fraîche épongés trois fois ou plus, parce que lorsqu’on trouve un geste qui pourrait paraître puissant, pourquoi s’en séparer, plutôt que de chercher un peu « autre chose », expression compliquée et sans doute incompréhensible ? Cette pseudo mise en scène rassure parfois, on pense que la fin s’approche. Non. Et là c’est le texte qui en rajoute. On appelle ça des répétitions, on prend la même chose et on recommence. La fin est cependant une véritable surprise. Le silence. Quel bonheur !
© Kévin Lebrun
Pour un temps sois peu, de Laurène Marx
Mise en scène de Lena Paugam
Interprétation : Hélène Rencurel
Création sonore : Antoine Layère
Accompagnement chorégraphique : Bastien Lefèvre
Les 19 & 20 juillet à 19 h
Durée 1 h 40
Théâtre du fil de l’eau
En face du Théâtre du Fil de l’eau
20 rue Delizy
93500 Pantin
Festival Paris l’été
106 rue Brancion 75015 Paris
01 44 94 98 00
www.parislete.fr
Ce texte a reçu le prix ARTCENA pour l’aide à la création en novembre 2020 et a été publié en juin 2021 aux Editions théâtrales dans la collection « Lyncéus Festival ».
comment closed