À l'affiche, Agenda, Critiques, Evènements // Pour que l’année soit bonne et la terre fertile, par le Collectif Mind the Gap, au Théâtre 13/Bibliothèque

Pour que l’année soit bonne et la terre fertile, par le Collectif Mind the Gap, au Théâtre 13/Bibliothèque

Déc 03, 2024 | Commentaires fermés sur Pour que l’année soit bonne et la terre fertile, par le Collectif Mind the Gap, au Théâtre 13/Bibliothèque

© Stéphane Gaillochon

ff article de Denis Sanglard

 Bon, commençons par ne rien raconter du début… Laisser la surprise aux spectateurs, c’est bien aussi, surtout avec cette création où les surprises ne manquent pas. Mind the Gap, c’est un collectif qui ne se tire pas la bourre, ne se crêpe pas le chignon, uni comme les 5 doigts d’une main, droite ou gauche qu’importe. Par où commencer donc pour chroniquer ce qui sur le plateau semble quelque peu pilotracté ? Au commencement un costume, crée par la costumière-plasticienne Karine Marques Ferreira. Un truc tout plein de poil, écho de ceux traditionnels et folkloriques d’Europe de l’Est principalement, qui défilent et dansent aux équinoxes de printemps et d’automne, sonnailles en sautoir, frappant de malheureux quidams sur leur chemin « pour que l’année soit bonne et la terre fertile ». Ce costume, donc, devenu pour nos cinq l’objet d’une étrange fixation. Et là, ça craint velu. Commande faîte à Karine Marques Ferreira de cinq costumes, pas tout à fait identiques, mais avec un air de famille tout de même, collectif oblige. Et là, expliquent-ils d’une même voix, ou presque, une fois revêtu de la bête que fait-on ? C’est tout le processus de la création, au poil près, qui nous est donné d’entendre. Les questions, les essais, les doutes, les ratés, les échecs… ce qu’on espérait qui ne vient pas, ce que l’on croyait qui ne marche pas. Et la haine du poil (synthétique, made in China, et tant pis pour le bilan carbone) qui monte comme la moutarde au nez. Bref, l’antienne beckettienne bien connue « rater, rater encore, rater mieux. » Et un collectif de plus en plus ébouriffé, de mauvais-poil parfois, mais qui résiste à la tension vaille que vaille. Au final, rien de ce qui était prévu. Mais à s’arracher les cheveux, à les couper en quatre, à laisser filer, la mise en plis (comme dit Brigitte Fontaine) prit forme. C’est tout ça qu’ils racontent en chœur, l’histoire d’un spectacle qui n’aura pas lieu. Parce qu’un autre, malgré eux, a surgit. Oui mais tout ça est fort retors parce que ce qui n’a pas eu lieu c’est justement ce qui a lieu, là, sous nos yeux, bien peigné… l’objet de cette création et qu’ils nous brossent depuis le début, bavards comme des garçons-coiffeurs. Avant de disparaître, chacun leur tour, sous la vêture poilue qui les métamorphose en créatures, sorties de l’univers de Maurice Sendack, l’auteur de Max et les Maxi-Monstre. Et ce n’est pas à « une fête épouvantable » à laquelle nous assistons au final mais à une danse échevelée (patapoum-patapoum fait génialement la musique), une chorégraphie réglée au quart de poil près qui bientôt les laisse épuisés, débarrassés de leur costume, tout nu ou presque. Retour à la réalité. Mais l’objet de cette création au fond de tout ça ? Le collectif Mind the Gap ne peigne pas la girafe, pas leur genre, non. C’est bien plus malin que ça et ce collectif en a sous la perruque. Ce qui est énoncé là, qui tombe comme un cheveu dans la soupe, c’est la force du collectif, même dans son utopie, sa capacité à se réinventer comme celle de réinventer le monde, et qu’importe qu’il soit imaginaire. Ces monstres tout poilus, un rien naïfs, en sont la métaphore poétique, ludique et velue.

 

© Stéphane Gaillochon

Pour que l’année soit bonne et la terre fertile, mise en scène et interprétation : Solenn Louër, Julia de Reyke, Anthony Lozano, Coline Pilet et Thomas Cabel

Dramaturgie : Léa Tarral

Créatrice costumes : Karine Marques Ferreira

Couturières costumes : Clara Signoud, Flore Chrétien, Melody Desbrueres, Solenn Louër

Scénographie : Clémence Dellile

Créatrice sonore : Estelle Lembert

Créateur lumière : Théo Tisseuil

Régie générale : Paul Cabel

Regard chorégraphique : Flora Pilet

 

Du 26 novembre au 6 décembre 2024 à 20h

Samedi à 19h

Durée 1h15 environ

 

Théâtre 13/ Bibliothèque

30 rue du Chevaleret

75013 Paris

 

Réservation : 01 45 88 16 30

www.theatre13.com

 

 

 

 

Be Sociable, Share!

comment closed