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Postérieur(s) de Pauline Simon à la Ménagerie de verre

Avr 08, 2016 | Commentaires fermés sur Postérieur(s) de Pauline Simon à la Ménagerie de verre

ƒ article de Camille Scordia

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© Pauline Brun

Postérieur(s) est une forme qui oscille entre la danse, le théâtre et la performance, mettant en scène quatre interprètes autour de la notion abstraite du futur. Le spectacle est affranchi d’une narration au sens classique du terme, et choisit plutôt de soulever des interrogations et des étonnements en proposant des situations théâtrales, jeux chorégraphiques, chants, qui frôlent toujours l’absurde. Chaque interprète introduit son solo par un « Bonsoir », brisant ainsi l’idée du quatrième mur, et exécute ensuite des poses, gestes qui suggèrent ceux des automates ou des mimes.

Le silence qui habite la première partie du spectacle est interrompu par une longue période avec un morceau électronique au rythme répétitif et accéléré, qui contraste avec une absence de mouvements sur scène. Tout au long du spectacle, un jeu permanent est instauré entre le son, le mouvement et le texte, qui, bien que rare, accompagne un spectateur quelque peu désorienté. C’est bien là l’un des objectifs du spectacle : décevoir les attentes et intuitions antérieures du spectateur, pour l’emmener vers des terres inconnues, où narration, attitudes, situations obéissent aux lois de l’arbitraire. Les chorégraphies semblent désaccordées, les gestes viennent à contretemps, et rien ne semble se conformer à la bonne tenue des choses.

Les quatre interprètes sont doués de talents multiples : une interprétation maîtrisée, avec des accents comiques, doublée d’une aptitude physique notable, à travers des figures acrobatiques qui pourraient se rapprocher de celles des circassiens. Le fil conducteur de cette réunion d’énergies, de ce bouillonnement d’idées, est néanmoins difficile à saisir. Les paraboles et récits mythiques qui sont évoqués ne sont pas assez développés, exploités, pour faire sens, et donner au spectateur des clés de compréhension. Même si l’une des visées du spectacle est d’égarer le regardant, et d’emprunter le détour plutôt que de le prendre par la main, un manque de cohérence, d’unité se fait ressentir. Les intentions philosophiques que vise Pauline Simon ne ressortent pas de manière manifeste dans le spectacle. La mise en scène volontairement relâchée, qui flirte avec l’improvisation, engendre une attention plutôt sporadique chez le spectateur, malgré un dynamisme remarquable.

Postérieur (s) (le futur n’existe pas, mais des futurs insistent)
Chorégraphie et mise en scène Pauline Simon, en collaboration avec les interprètes.
Collaboration et accompagnement Pauline Brun
Textes Céline Cartillier, Pauline Simon et Aude Lachaise
Lumières Florian Leduc
Régie son, plateau et vidéo Eric Yvelin
Costumes Maman (Marie-Thérèse Simon) et quelques achats sur internet
Des passages ou des échanges précieux : Duncan Evennou, Julien Lacroix, Antoine Cegarra, Elise Simonet, Léa Lansade, Joffrey Becker
Interprètes Paula Pi, Celine Cartillier, Aude Lachaise et Pauline Simon.
Durée : 1h35
Du 5 au 7 avril à 20H30

La Ménagerie de verre
12-14 rue Lèchevin 75011 Paris
réservations 01 43 38 33 44
www.menagerie-de-verre.org

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