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« Plexus », d’Aurelien Bory, au théâtre de Châtillon

Mar 08, 2015 | Commentaires fermés sur « Plexus », d’Aurelien Bory, au théâtre de Châtillon

ƒƒ article de Florent Mirandole

kaori-ito-tt-width-604-height-403-bgcolor-000000© DR

Rendre palpable l’intime. C’est au sens propre l’expérience menée par Aurélien Bory à travers sa pièce « Plexus ». Le chorégraphe s’appuie sur l’étymologie précise du mot Plexus, « entrelacement » en latin, ou « réseau de nerfs ou de vaisseaux », pour construire un spectacle figurant la vie interne d’un corps vivant. Ce corps, c’est celui de Kaori Ito. La danseuse et chorégraphe japonaise évolue pendant une petite heure sur un plateau de bois suspendu au plafond par des centaines de fils d’acier. Alors que Kaori Ito semble libre au milieu de cet enchevêtrement de fils, ce dédale se transforme vite en cage d’où la danseuse va tenter de s’extirper. Progressivement ces efforts vont prendre la forme d’une quête, plus spirituelle et universelle.

Né de la passion du chorégraphe pour la science, ce spectacle se révèle d’abord une mine d’inventions esthétiques proprement fascinantes. Ce maillage dense de fil agit comme un frein aux déplacements et à l’équilibre de la danseuse, donnant ainsi l’impression que les lois de la gravité ne s’appliquent pas sur ce petit périmètre. On retrouve là le plaisir du chorégraphe à jouer avec les règles de la physique, renversant la gravité et inventant des forces invisibles. Cette expérience physique se double d’une expérience sensorielle. L’atmosphère visuelle et sonore amène le spectateur à ressentir dans sa chair l’intimité de la danseuse. Dès les premières secondes du spectacle les sièges du théâtre vibrent au son des battements du cœur de Kaori Ito, après qu’elle ait placé un micro contre son cœur. Ces battements du cœur s’accompagnent d’un jeu de lumière sculptant le maquis de fil d’acier, renforçant l’emprise du décor sur la danseuse.

Reconnaissant l’influence de la culture japonaise, où la beauté est « à l’ombre, à l’effacement, à la disparition », Aurélien Bory crée un spectacle sombre et mystérieux, sur lequel plane constamment des questions plus existentielles. Cette introspection amène effectivement le spectateur aux portes d’une quête métaphysique, où la recherche de sens, de liens, semble être l’horizon de cette lutte. Tout l’art du chorégraphe est de n’apporter aucune réponse, mais de formidablement mettre en scène ses propres questions. Splendide.

Plexus
Conception, scénographie, mise en scène Aurélien Bory
Chorégraphie, interprétation Kaori Ito
Musique Joan Cambon
Lumières Arno Veyrat
Sonorisation Stéphane Ley
Costumes Sylvie Marcucci
Recherche, adaptation Taïcir Fadel

Vendredi 6 et samedi 7 mars à 20h30

Théâtre de Châtillon
3, rue Sadi Carnot 92320 Châtillon
Ligne 13 Metro Châtillon-Montrouge
Réservation 01 55 48 06 90
www.theatreachatillon.com

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