© Giovanni Cittadini Cesi

Article de Victoria Fourel

Pour le plaisir et pour l’oreille, Pierre Arditi s’assoit à une table et lit ce qu’il aime, tout simplement. Comme pour prouver que c’est le plus important, sur scène, de faire passer ce que l’on aime, avant tout.

Il s’installe et entame, sans accroche et sans réel préambule. Il est là car il aime les mots, et notamment ceux de Jean-Michel Ribes, qu’il lit au Théâtre du Rond-Point, où il mènera aussi des cycles autour des textes de Yasmina Reza dans un second temps, et enfin autour de Michel Onfray et Philippe Delerm. Il tourne les pages, énergiquement, avec malice, puis referme le premier volume. Même procédé pour un second.

Il est extrêmement difficile de donner un avis sur ce spectacle. Scéniquement, on n’a rien tenté, simplement parce que c’est le texte qui est roi, et la seule voix de l’acteur le mettra en lumière. Dans le déroulé, les passages sont sélectionnés au goût et pour le plaisir du lecteur, donnant lieu à des assemblages parfois drôles, parfois surprenants, parfois plus artificiels. La lecture est là pour célébrer le ton d’auteurs aimés de Pierre Arditi, et il faut l’avouer, le fait qu’elle commence par les textes de Jean-Michel Ribes, patron du Rond-Point, au Rond-Point, lu par un ami, donne une vague impression d’entre-soi, de petite soirée entre copains, où l’on n’est juste là pour se lire les uns les autres.

C’est agréable à l’oreille, qui apprécie ce qu’on lui donne à manger. Ce n’est pas désagréable de passer ce moment avec un comédien qui n’a rien à prouver pour nous conquérir. Mais c’est aussi un drôle de moment dans une programmation, sans intention, sans création ni adaptation, sans regard ou sans construction.

Arditi veut dans ce spectacle, trouver l’intensité dans la lecture nue, simple. Redonner toute son ampleur au texte lui-même. C’est à chacun ici de convenir ou non de la réussite de son entreprise, et même d’ailleurs, si ça a pour le public la moindre importance. Car on peut se dire qu’au fond, un sympathique moment dans ce théâtre où soudain on se sent proche des grandes voix de l’acteur et de l’auteur, c’était l’unique promesse du Rond-Point. Mais l’on peut aussi se dire au contraire que c’est peu de choses pour une si grande et prestigieuse salle, et que même le comédien fait ça un peu par-dessus la jambe. En tant que public, on est tantôt pris par une anecdote, un trait d’esprit, et tantôt complètement extérieur à un comédien qui lit son ami, qui s’interrompt pour lui adresser un regard, qui fourche, qui reprend, et qui termine de lire.

C’est un moment dont on ne peut pas dire ce qu’il est réellement, ni même s’il satisfait nos attentes. En même temps, c’est Pierre Arditi qui lit ce qu’il aime, on était prévenu.

Pierre Arditi lit ce qu’il aime

Texte de Jean-Michel Ribes (du 4 au 18 avril)
Yasmina Reza (du 19 au 25 avril)
Michel Onfray et Philippe Delerm (du 26 au 28 avril)

Lecture de Pierre Arditi

Du 4 au 28 avril 2018, du mardi au dimanche à 18h30

Théâtre Rond-Point
2 avenue Franklin D. Roosevelt
75008 Paris

Réservation 01 44 95 98 00
http://www.theatredurondpoint.fr

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