ƒ article de Victoria Fourel

©DR

Persée, fils de Danaé et Zeus, né du caprice du roi des dieux mais destiné à de grandes choses, sert de point de départ à cette toute jeune création, pour parler de la mythologie, de ses héros, de ses drôleries et de ses incohérences, de ses grands principes et de ses grands mythes.

Ecrit collectivement, le texte fuse, multiplie les jeux de mots et les incursions du réel, et l’on voit sans mal les blagues posées les unes sur les autres, le plaisir d’écrire ensemble mais aussi de laisser le délire prendre sa place, parce qu’après tout, la mythologie est délirante. Né de beaucoup d’improvisation, il pâtit bien sûr d’un trop-plein, qui rend évidents les moments d’incertitude, les appuis de jeu. La base doit être simplifiée, resserrée, et balisée, pour que le spectacle gagne en rythme et que l’on ait davantage l’oeil sur les images, sur les vraies idées de mise en scène.

Car les idées de mise en scène sont là, et prometteuses. Sisyphe et son rocher qui tournent en rond, la pythie de Delphes changée en marabout, les accessoires décalés et bricolés, la place maligne de la musique, et de vraies belles images. Comment signifier la nuit “d’amour” entre Zeus changé en pluie et la belle Danaé ? En partant du principe que tout est possible, en prenant toutes les libertés, avec un certain goût pour le n’importe quoi et le bricolage. C’est dans l’air du temps, c’est surprenant, ça fait de belles choses avec peu de moyens. Le danger est pourtant présent : on flirte sans cesse avec l’imprécision, avec la private joke et on manque d’y laisser un peu de notre enthousiasme. Après ces premières, donc, doit venir le temps du tri, du recentrage, pour que tout le spectacle soit aussi intéressant que certaines idées sont ingénieuses.

Les acteurs s’en donnent à coeur joie dans un grand nombre de personnages, frôlant souvent le très bon contre-emploi, auxquels il manque parfois un peu de tenue, mais qui sont vraiment très drôles lorsqu’ils sont dessinés avec précision. Il faudra trouver l’unité dans ces partitions moins simples qu’il n’y paraît. On salue l’interprétation de Martin Campestre, rôle-titre et pas seulement, entre folie et grande justesse technique. On sent que ces premières sont le premier grand saut dans le vide d’une création libre comme tout, mais prometteuse par son ambition, sa tenue, son énergie. Palpitante épopée !

Persée, la palpitante épopée pipée perpétuelle
Texte Rabah Benachour, Pétronille Bernard, Claudia Cochet, Batiste de Oliveira
Mise en scène Rabah Benachour et Batiste de Oliveira
Avec Rabah Benachour, Pétronille Bernard, Martin Campestre, Claudia Cochet, Batiste de Oliveira et Marie Gebhard

Du 15 au 18 mars 2017
Du mercredi au samedi à 20h

Théâtre de la Jonquière
88 rue de la Jonquière – 75017 Paris
Métro Porte de Clichy et Guy Moquet
Réservations tousalolympe@gmail.com

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