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Perfidia, de Laëtitia Pitz, La Caserne, Festival d’Avignon (Off)

Juil 21, 2021 | Commentaires fermés sur Perfidia, de Laëtitia Pitz, La Caserne, Festival d’Avignon (Off)

 

© Morgane Ahrach

 

ƒƒƒ article de Emmanuelle Saulnier-Cassia

Perfidia c’est avant tout et surtout un texte. Un texte à la langue singulière, à la prosodie surprenante d’abord et qui s’installe comme un cœur qui bat au fil des minutes qui s’écoulent.

Des histoires de femmes, surtout de femmes, même si aussi de couple(s), de famille(s), à travers plusieurs générations permettant de voyager dans l’histoire moderne, traversant l’air de rien la seconde Guerre mondiale, la guerre d’Algérie et les années 1980. Des histoires intimes dans la Grande histoire sur trois générations.

Perfidia écrit par Laëtitia Pitz est porté par sa voix et par ses silences. Elle en fait la lecture au sens littéral (au moyen d’une liseuse sur un pupitre), avec pour seul décor un micro à pied auquel elle s’accroche le plus souvent et qu’elle lâche lors des refrains du texte écrit comme une chanson et utilisant les premières notes de « Fly me to the moon » à plusieurs reprises pour marquer ce rythme musical (aux sens propre et figuré). Pantalon noir et chemise jaune mordorée, Laëtitia Pitz occupe l’espace, sublimée par un halo de lumière travaillé (bleuté et végétal) au sol qui selon les moments du texte, grandit, rétrécit ou disparaît. On boit les paroles de l’autrice-actrice après le temps d’adaptation que nécessite l’écoute de sa langue aux accents parfois durassiens.

Les prénoms s’égrènent (Pierre et Jeanne, Eva, Gabriel, Jeanne, Elisa…), se répètent et se croisent, comme la vie de ceux qui les portent, les quotidiens de vies banales, faites d’espoirs, d’attentes, de ruptures, de douleurs, de disparitions, héritages de la « malaimance » mais aussi de joies, de naissances, de plaisir(s). Des voix de femmes qui connaissent ou assument l’abnégation, jusqu’à un certain point, jusqu’à aller pour certaines à se libérer, d’un enfant (avec des aiguilles à tricoter), d’un amour passé, d’accepter de recommencer, de renaître et jouir de « l’homme aux mains fertiles » (quelle belle formule), autant de personnages « affamé[s] » de « l’amour manquant », qui se démènent comme ils le peuvent dans les événements nationaux et personnels.

A découvrir dans le Off par les amoureux des beaux textes et des histoires d’amour même si elles résonnent souvent avec la trahison comme le dit la chanson Perfidia d’Alberto Dominguez (« las veces que me ha visto llorar, la perfidia de tu amor… ») dont quelques notes viennent clôturer la lecture de Laëtitia Pitz, tranchant avec la romance de Bart Howard qui avait ponctué la lecture.

 

Perfidia de Laëtitia Pitz

Avec : Laëtitia Pitz

Collaborateur artistique Alain Chambon

Lumières Christian Pinaud

Son Marc Doutrepont

Compagnie Laurent Furieux

 

Durée 1 h 15

 

Jusqu’au 26 juillet à 16 h 15

 

 

Festival d’Avignon – Off

La Caserne

116 rue de la Carreterie

84000 Avignon

www.grandest.fr

 

 

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