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« Père », d’August Strindberg, mise en scène de Arnaud Desplechin à la Comédie Française

Sep 23, 2015 | Commentaires fermés sur « Père », d’August Strindberg, mise en scène de Arnaud Desplechin à la Comédie Française

ƒ Article de Victoria Fourel

 

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S’opposer sur l’avenir des enfants, se manipuler et se confronter jusqu’à la folie, et jusqu’au doute même de la paternité. Strindberg explore dans Père la guerre que se livrent le Capitaine et Laura, entre amour, détestation et froid glacial.

Pour sa première mise en scène, Arnaud Desplechin a su s’entourer et se lancer un véritable défi. Le texte de Strindberg, entre modernité et lyrisme sombre, est d’une beauté à couper le souffle, et le décor, majestueux, dessine un intérieur où la lumière du monde du dehors peine à entrer. Mais ce qui impressionne au premier abord retombe vite. Ce n’est pas tant le jeu presque cinéma qui dérange, puisqu’il y a une grande technique sur le plateau. C’est plutôt le manque de collision, de surprise. La mise en scène ne réussit pas à captiver parce qu’elle ne crée pas au-delà du texte, de l’ambiance. Rien dans les costumes, dans l’élocution, dans les cent pas des acteurs ne fait sortir Strindberg de ses gonds.

Il y a quelque chose de traînant dans cette longue robe jaune, dans ces hautes bibliothèques, dans la parole de Laura. Il y a quelque chose de frustrant dans le fait de reconnaître Strindberg, de trop le reconnaître. La mise en scène de Desplechin n’est pas nécessairement « manquée », mais elle n’a pas la singularité qu’a le metteur en scène. L’hyper pessimisme, le combat à mort, la supercherie, la manipulation, tout ça prête à s’émouvoir, oui, mais aussi à rire, parfois, à surprendre. Parce que c’est dans les moments les plus sombres que l’on sourit parfois. Et ce pan là de l’œuvre, n’arrive pas jusqu’à nous, tant on reste dans le premier degré.

Michel Vuillermoz est formidable, entre bonhommie et lassitude, et parvient à donner à voir la descente en enfer du Capitaine. Mais autant dans la direction d’acteurs que dans le décor règne l’immobilité. Elle est intéressante sur le papier, car elle renvoie à l’enlisement de la campagne, celle du père face à son pouvoir bafoué, et aux vieilles photos de famille surannées qui s’entassent dans les placards. On a de belles images, donc, mais qui peinent à prendre vie.

 

Père
Texte August Strindberg
Mise en scène Arnaud Desplechin

Avec Martine Chevallier, Thierry Hancisse, Anne Kessler, Alexandre Pavloff, Michel Vuillermoz, Pierre Louis-Calixte, Claire de la Rüe du Can

Du 19 septembre 2015 au 4 janvier 2016

Comédie Française – Salle Richelieu
Place Colette, Paris 1er
Métro Palais Royal Musée du Louvre (lignes 1 et 7) et Pyramides (lignes 7 et 14)
Réservation 01 44 58 15 15
www.comedie-francaise.fr

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