Critiques // Critique • « Parole d’acteur » de et par Maurice Durozier au théâtre de l’Epée de bois

Critique • « Parole d’acteur » de et par Maurice Durozier au théâtre de l’Epée de bois

Juin 15, 2013 | Aucun commentaire sur Critique • « Parole d’acteur » de et par Maurice Durozier au théâtre de l’Epée de bois

ƒ Critique Anna Grahm

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©Amilcar Persichetti

Tu es ce que tu fais

La salle tout en bois sculpté où nous sommes invités à entrer ressemble à un salon. Le public s’y promène. L’ambiance y est apaisante, intime, les deux hôtes nous servent du thé indien. Après quoi, la fille armée d’un petit calepin, cherche les questions qu’elle a soigneusement notées pour les poser à son père. L’homme a beaucoup à dire, elle l’écoutera religieusement chaque fois jusqu’au bout et ne l’interrompra jamais; ce qui, à terme, deviendra un procédé un peu systématique. Elle demande quand sait-on qu’on est acteur? Pourquoi les comédiens sont-ils si souvent en boucle après un spectacle? Faut-il être narcissique pour exercer ce métier? Qu’en est-il de ce mal incurable qu’on appelle l’égo? Est-ce difficile de sortir d’un rôle? Comment gérer le trac? La superstition? L’acteur répond, abondamment, se raconte, en pointillés, il dit avec son charmant accent du Sud sa naissance à Perpignan, ses happenings exubérants avec ses amis de jeunesse, ses débuts tâtonnants au théâtre du Soleil, sa rencontre avec le masque de Polichinelle, il imite en passant la faconde d’Ariane Mnouchkine. Il revient sur ses voyages au Brésil, plus exactement dans la ville de Recife. Il parle de la confusion qui peut exister dans l’esprit d’un jeune acteur, de l’illusion, de la vérité, l’ancien détaille ses multiples expériences de jeu, comment il a appris à gérer ses égarements et son enthousiasme, comment, au cours du travail, le corps peu à peu change de densité, comment sur scène il s’agit à la fois et de perdre conscience et de trouver une énergie diabolique.

L’homme est volubile, passionné, sincère. Son débit tourbillonnant fait un petit détour en Inde, passe par le N. York des années 60/70, le living, Grotowski. Il soliloque sur le long chemin de la répétition, sur la nécessité d’expulser l’ennemi intérieur pour s’oublier, faire le vide, pour qu’alors le personnage puisse jaillir. Il rappelle de garder la porte de l’enfance ouverte. Il avoue les questions parfois vertigineuses, si souvent inutiles, qui peuvent mener au bord de la rupture.

Il invente le code secret des acteurs qu’il décline en 10 commandements. C’est dense, il danse avec ses convictions et ses interrogations, il est plus professeur que paternel, mais ce qu’il souligne avec force c’est que le théâtre reste avant tout une aventure commune qui donne à tout ceux qui s’y engagent le sens du collectif.

Parole d’Acteur de et par Maurice Durozier
Avec la participation d’Aline Borsari
Théâtre de l’épée de bois
Cartoucherie de Vincennes

Paris 75012
Du 13 juin au 30 juin
Du jeudi au samedi à 21 h 00
Les dimanches 16 et 30 Juin à 16h 00
Le dimanche à 18h
Réservation 01 48 08 39 74

www.eppedebois.com

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