À l'affiche, Critiques // Overdose 90′ de Lambert Riquier, mise en scène Lambert Riquier, au Théâtre de la Bastille.

Overdose 90′ de Lambert Riquier, mise en scène Lambert Riquier, au Théâtre de la Bastille.

Juil 08, 2016 | Commentaires fermés sur Overdose 90′ de Lambert Riquier, mise en scène Lambert Riquier, au Théâtre de la Bastille.

ƒ Article de Victoria Fourel

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© DR

Il y a une fratrie, un appartement dans lequel on vit, ou dans lequel on reste. Il y a beaucoup d’amour, mais aussi beaucoup de fantômes, il y a le monde réel et ses obstacles en conflit avec l’énergie et la fougue de la jeunesse. C’est cette histoire que choisit de dire Lambert Riquier dans cette création, histoire ordinaire à portée universelle.

C’est bien de jeunesse qu’il s’agit. Les comédiens, le langage, tout est jeunesse. Sur un plateau intelligemment créé, entre bordel chaleureux et espace cloisonné par des murs oppressants mais invisibles, les trois jeunes acteurs se balancent leurs illusions et leurs désirs à la tête, leurs dérapages, aussi. Il y a de beaux moments de texte et d’image, comme un monologue qui part de Star Wars pour finalement parler de violence cachée depuis l’enfance, d’ambition, de bouillonnement intérieur. Mais il y a aussi un manque d’intensité net dans les échanges comme dans les thèmes. Dans le premier cas d’abord, on sent la difficulté à écrire le réel, le quotidien, mais aussi à le rendre intense scéniquement, à le sortir des attitudes et des mimiques adolescentes. Dans le second cas, on suit dans cette création les douleurs de ce frère et de ces sœurs livrés à eux-mêmes, en proie à l’âge adulte, au deuil, aux dangers qui agrippent les années 90. Mais les problèmes d’argent, l’entrée de la drogue dans le quotidien, tout ça n’est ni réécrit, ni réinventé, et ne sont en fait que des accessoires narratifs pour créer la confrontation, la tension entre les quatre murs de l’appartement. Tension par ailleurs assez juste, mais sans vision ou nouvel éclairage.

On retient en revanche les monologues, notamment, où les personnages se dévoilent sans rentrer dans la confrontation, mais où l’on devine la patte de l’auteur, et un sens du second degré et de la maturité. Une grande envie de dire la solitude qui touche – aussi – les jeunes entourés par les nouveaux moyens de communication, le refus de grandir, et la charge que représentent les responsabilités. Faire des études, subvenir à ses besoins, ou être aimé, admiré, tout simplement. C’est plein de tendresse et de bon sens. Dommage cependant que chaque trait soit réservé à un seul des personnages, et que ces derniers soient obligés d’être simplifiés, en passant par l’explicatif. Le désir et le propos ne sont pas clairs d’eux-mêmes, et on le regrette un peu.

Balbutiant, oui, parfois un peu premier degré, aussi. Mais la nouvelle génération de gens de théâtre veut dire. Veut interpréter – déjà – la génération d’avant. Veut écrire ses tourments et les choses qu’elle porte en elle. La rébellion, la liberté d’expression, la technologie, le désir de s’accrocher à sa famille, aux siens. Le discours se forgera, la diversité des paroles aussi. Mais cette naïveté, cette innocence, même dans le trash est prometteuse, attachante, et forte, aussi. Vivement les prochaines fois alors.

Overdose 90′
Mise en scène Lambert Riquier
Avec Oscar Lesage en alternance avec Lambert Riquier, Mégane Bermond, Olivia Stainier.
Le mercredi 6 juillet 2016 à 19h

Théâtre de la Bastille
76 rue de la Roquette – 75011 PARIS
Métro Bastille
Réservation 01 43 57 42 14
www.theatre-bastille.com

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