À l'affiche, Agenda, Critiques, Evènements, Festivals // Omma, chorégraphie de Joseph Nadj, Lycée Jacques Decour, Festival Paris l’été

Omma, chorégraphie de Joseph Nadj, Lycée Jacques Decour, Festival Paris l’été

Juil 28, 2022 | Commentaires fermés sur Omma, chorégraphie de Joseph Nadj, Lycée Jacques Decour, Festival Paris l’été

 

© Séverine Charrier

 

ƒƒƒ article de Denis Sanglard

Joseph Nadj signe une époustouflante chorégraphie pour huit danseurs noirs, originaires de six pays d’Afrique. Omma, c’est de la danse brute, puissante, nerveuse, foudroyante, sans artifice aucun où les danseurs plus que virtuoses se mettent à nu, trouvent dans leur expérience propre, intime, et collective matière à danser comme un partage et l’expression de l’universalité de l’être humain. C’est une oscillation sans heurt entre le geste le plus trivial, mais à la symbolique puissante, répété obstinément jusqu’à se détacher de sa source pour devenir un geste chorégraphique inouï, et quelque chose de profondément archaïque, où la scansion du souffle que le silence amplifie fait jaillir brutalement le mouvement du plus profond de soi et libère le corps de toute contrainte, et la danse de devenir purement organique, superbement exutoire et terriblement libre. Cette chorégraphie ce pourrait être l’histoire de la danse noire, ce serait une erreur, c’est l’histoire de toute la danse, sa genèse depuis ses origines obscures − commune à tous − jusqu’à son écriture contemporaine. C’est l’histoire de notre humanité. Parfois surgit une animalité rageuse, les danseurs ne sont plus que des fauves, animaux totémiques exprimant leur identité profonde qui feulent leur vérité, rien que leur vérité à vif. Certes subsistent ça et là quelques traces de danses traditionnelles, traces mémorielles mais estompées, anecdotiques, vite évacuées, parce que le propos n’est pas l’Afrique, ni l’homme africain, mais l’humain et sa capacité à ouvrir son regard, sur soi et le monde, transcendée ici par la danse. Il y a une véritable ivresse qui traverse sans discontinuer le plateau, une pulsation vitale qui tambourine son urgence à être au monde dans l’affirmation de son histoire singulière et identitaire. Les danseurs ne cessent de dialoguer, de se défier ou de se détacher de l’ensemble et cependant, indubitablement, naturellement de former et de s’inscrire dans une forte communauté qui fait de la différence et de la singularité un destin commun, une force unique. Il faut les voir ces ensembles qui nous épatent, ces danses ou marches collectives où soudain le groupe n’est plus qu’un seul et unique corps, qu’un même souffle, une même voix, qui donne une formidable impulsion à cette synergie vibrante, entre tension et relâchement et toujours avec une fluidité qui n’est rien d’autre que de la grâce, une énergie solaire éruptive. Cela tient de la danse tribale ou du rituel, oui, mais dépouillé de tous clichés africanistes, ne compte ici que l’individu dans sa vérité et son présent, et le groupe dans son universalité… Sur le plateau, c’est une humanité en marche et qui ne semble pas prête de s’arrêter.

 

© Séverine Charrier

 

Omma, chorégraphie de Josef Nadj

Interprètes :  Djino Alolo Sabin, Timothé Ballo, Abdel Kader Diop, Aïpeur Foundou, Bi Jean Ronsard Irié, Jean-Paul Mehansio, Marius Sawadogo, Boukson Séré

Collaboration artistique : Ivan Fatjo

Lumières : Rémi Nicolas

Musiques : Tatsu Aoki et Malachi Favors Maghostut, Peter Brötzmann et Han Bennink, Eureka Brass Band, Jigsaw, Lucas Niggli, Peter Vogel

Régie générale :  Sylvain Blocquaux

Régie son : Steven Le Corre

 

Du 27 au 29 juillet à 22 h

 

Lycée Jacques Decour

12 avenue Trudaine

75009 Paris

 

Réservations :

01 44 94 98 00

parislete.notrebilleterie.fr

 

 

Be Sociable, Share!

comment closed